Parfois, une carrière ne tient qu’à un coup du sort. A neuf lettres, un nom et un numéro couchés sur la feuille d’un match finalement passé sur le banc des remplaçants. Ce 20 août 2023, Paul Pogba observe depuis la touche ses coéquipiers de la Juventus Turin s’imposer contre l’Udinese lors de la première journée du championnat italien. En méforme, malgré la préparation physique estivale, la « Pioche » reste sur le banc.
A la fin de la rencontre, le champion du monde 2018 est cependant convoqué pour un contrôle antidopage. Testé positif à la testostérone et suspendu à titre provisoire le 11 septembre 2023, Pogba, qui assure avoir ingéré involontairement la substance, a été sanctionné de quatre ans d’interdiction de fouler les terrains par l’organisation nationale antidopage italienne. Une information révélée, jeudi 29 février, par les médias transalpins et confirmée à l’Agence France-Presse par son club. « Je suis triste, choqué et j’ai le cœur brisé car tout ce que j’ai construit dans ma carrière de joueur professionnel m’a été enlevé », a réagi le joueur sur son compte Instagram, annonçant qu’il « fera appel [de la décision] devant le Tribunal arbitral du sport. » Cette suspension est un énième rebondissement dans la carrière du footballeur de 30 ans, dont il a progressivement perdu le fil ces deux dernières années.
« On est vraiment tous peinés par ce qui lui arrive. Tout le monde voudrait l’aider parce qu’il était unanimement apprécié pour son sens du collectif, mais personne ne le peut parce que ça nous dépasse tous, soupire un membre du staff de l’équipe de France. C’est terrible tout ce qui lui arrive depuis deux ans. » La sélection a longtemps été un refuge pour Pogba. Quand il est à bout de souffle en club, les Bleus lui permettent de respirer.
Il y a deux ans, le milieu se mue définitivement en patron de l’équipe de France, sur le terrain et dans les vestiaires. En octobre 2021, il remporte la Ligue des nations, son deuxième trophée avec les Bleus après la Coupe du monde 2018. Un an avant celle qui doit se dérouler au Qatar, Paul Pogba se sent bien malgré des performances en demi-teinte avec Manchester United. Mais c’est pourtant avec les Bleus que les ennuis commencent.
Lors d’un banal exercice de frappes à Clairefontaine, en novembre, Pogba se blesse à la cuisse sur une remise de… Didier Deschamps. Le sélectionneur, qui échange aujourd’hui encore avec son joueur, n’imagine pas que Pogba sera absent près de trois mois. A son retour, il est rappelé en mars 2022. Pour ce qui constitue son dernier passage en sélection, et l’un des moments les plus marquants de sa carrière.
Des allers-retours entre l’infirmerie et le terrain
Le 29 mars, Pogba met pour la première fois le brassard de capitaine des Bleus, contre l’Afrique du Sud, à Lille. Mais dix jours auparavant, dans la nuit du 19 au 20 mars, le natif de Roissy-en-Brie a été séquestré plusieurs heures dans un appartement en Seine-et-Marne par de vieilles connaissances, qui se feront menaçantes pendant plusieurs mois.
« Les deux gars ont armé leur fusil et ont braqué leurs armes sur moi en me disant que je devais payer sinon tout le monde serait en danger. Ils m’ont demandé 13 millions d’euros, 3 millions en cash et 10 millions en virement. En étant braqué sous la menace, je leur ai dit que j’allais payer », raconte Pogba quelques mois plus tard aux enquêteurs de l’Office central de lutte contre le crime organisé, chargé de l’enquête suite à la plainte déposée par le joueur en juillet 2022.
L’affaire éclate au grand jour fin août, alors que Pogba est encore sur le flanc. Revenu à la Juventus, équipe où il s’est révélé entre 2012 et 2016, il s’est blessé au ménisque. Son club veut l’opérer, lui refuse : la période de rétablissement l’empêcherait de postuler pour le Mondial au Qatar. Son retour à l’entraînement début septembre est bref. Une vive douleur au genou le contraint de passer sur le billard. Pogba dit adieu à la Coupe du monde.
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