Mauritanie : le rêve des Mauritaniens d’une alternance démocratique en 2024 s’envole

L’opposition démocratique mauritanienne n’est pas en pole position pour espérer remporter la présidentielle de juin prochain pour la simple raison qu’elle est profondément divisée et traverse une crise inédite interne symbolisée par la bataille juridique entre Biram Abeid, candidat aux présidentielles et le président de l’UFP Ould Maouloud dont la plainte s’est traduite par la levée de l’immunité parlementaire du député du parti SAWAB.

En réalité cette crise interne de l’opposition mauritanienne est révélatrice des financement occulte des partis politiques. Et au-delà ce sont les querelles intestines qui sont pointées du doigt empêchant l’opposition de faire face à son rôle historique de prendre le pouvoir. L’opposition démocratique sous la houlette des deux principaux partis l’UFP et le RFD ont montré leurs limites depuis les accords de Dakar en 2008 qui ont permis au putschiste général Ould Aziz de gouverner pendant une décennie la Mauritanie.

Une mal gouvernance qui n’a pas permis à son successeur de rompre avec la gabegie et la corruption mais tout en réduisant l’opposition à sa plus simple expression grâce à une nouvelle politique de normalisation avec l’opposition. Cette stratégie payante s’est soldée en 2023 aujourd’hui par la signature d’un pacte républicain par ces deux partis grands perdants des élections 2023 absents de l’Assemblée nationale.

Une nouvelle configuration politique qui laisse apparaitre une opposition plus combattante avec l’émergence d’une nouvelle coalition Espoir Mauritanie sous la houlette du FRUD qui va investir l’avocat Ould Mohammaden M’Bareck le 2 mars prochain comme candidat et le renforcement de l’AJD-MR de Ibrahima Sarr qui cède le fauteuil à Bâ Mamadou Bocar, candidat du parti à la présidentielle. TAWASSOUL reste toujours la première force de l’opposition avec un changement à la tête du parti qui laisse planer des dissidences favorables à un rapprochement avec Ould Ghazouani.

Toutes ces conditions d’incertitude pour une candidature unique de l’opposition se heurtent à la bataille juridique entre le président de l’IRA et le président de l’UFP dont la plainte pour diffamation a abouti à la levée de l’immunité parlementaire du député Biram Abeid, candidat à la présidentielle pour la quatrième fois. Le leader harratin risque une inéligibilité qui pourrait amputer l’opposition d’un candidat sérieux contre Ould Ghazouani. Ces bisbilles au sein de l’opposition constituent un obstacle à l’unité et profitent plus au parti du pouvoir INSAF pour la reconduction de Ould Ghazouani qui part avec une avance considérable avec une CENI et un conseil constitutionnel dont la majorité des membres appartiennent au camp du pouvoir. Face à cette triste réalité c’est le rêve des Mauritaniens pour une alternance démocratique en 2024 qui s’envole.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya.com le 29 février 2024)

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