Riyad Mansour à la CIJ : « C’est si douloureux d’être palestinien aujourd’hui »

Les audiences sur l’occupation israélienne des territoires palestiniens devant la plus haute juridiction des Nations unies ont débuté lundi, à La Haye, aux Pays-Bas, et se poursuivront jusqu’au 26 février.

Le Monde  – Cravate serrée et keffieh en écharpe, le ministre des affaires étrangères palestinien, Riyad Al-Maliki, a plaidé, lundi 19 février, pour la fin « immédiate, inconditionnelle et totale » de l’occupation israélienne face aux quinze juges de la Cour internationale de justice (CIJ). Trois heures durant, diplomates et avocats de la délégation palestinienne, présents à La Haye (Pays-Bas) où siège la haute juridiction onusienne, ont tenté de convaincre les juges de l’illégalité de l’occupation israélienne en place depuis 1967.

Saisie par l’Assemblée générale des Nations unies (ONU) en décembre 2022, la CIJ doit rendre un avis consultatif « non contraignant » sur les conséquences juridiques « découlant des politiques et pratiques d’Israël dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est ». Ces débats ne sont pas liés à la requête de l’Afrique du Sud qui, fin décembre 2023, a accusé Israël de génocide contre les Palestiniens de Gaza. « Il a fallu une décennie de lutte douloureuse au peuple palestinien pour se tenir devant vous aujourd’hui », a dit, ému, Riyad Al-Maliki, à l’ouverture de l’audience.

Le « droit à l’autodétermination, l’interdiction de l’apartheid et de l’acquisition de territoires par la force » sont, en droit international, des « normes impératives, non négociables », a rappelé M. Al-Maliki ; il n’y a « aucune dérogation possible », a-t-il insisté. Le ministre a donc demandé la fin du « deux poids, deux mesures » : « Aucun pouvoir occupant, y compris Israël, ne peut bénéficier d’un veto perpétuel sur les droits des personnes qu’il occupe. »

 

Puis le ministre a exposé aux juges le quotidien sous occupation. « Vos vies, votre communauté et vos maisons sont constamment menacées. Vos proches peuvent être mis en prison, vos terres peuvent être volées, colonisées et annexées sans hésitation. Il n’y a de liberté nulle part. Israël peut détruire Gaza, tuer des dizaines de milliers de Palestiniens. » Des enfants peuvent être « traumatisés pour la vie, amputés, handicapés ». Tous les drames des Palestiniens découlent « de l’occupation », ont estimé les orateurs qui se sont succédé au pupitre installé face au juge.

Des territoires grignotés

Sur le grand écran de la salle d’audience, le ministre a projeté quatre cartes montrant l’évolution des territoires palestiniens, depuis le mandat britannique jusqu’à l’année 2020. Ils ont été méthodiquement grignotés au fil du temps. Une photo de Benyamin Nétanyahou brandissant la carte du « nouveau Moyen-Orient » devant l’Assemblée générale de l’ONU, en septembre 2023, est venue conclure la démonstration de M. Al-Maliki : « Nétanyahou a effacé la “ligne verte” [la ligne d’armistice de 1949] devant l’Assemblée générale de l’ONU. » Le premier ministre israélien avait montré une carte sans territoires palestiniens.

« L’occupation ne peut qu’être temporaire, a rappelé l’avocat international Paul Reichler. Une occupation permanente est un oxymore juridique. C’est son caractère permanent qui rend l’occupation illégale. » A ses yeux, l’annexion de Jérusalem et l’installation de 700 000 colons en Cisjordanie prouvent que les Israéliens n’ont pas l’intention de se retirer.

Paul Reichler s’est appuyé sur les mots des responsables israéliens, du général Moshe Dayan – l’un des acteurs de la guerre de 1967, installant le régime d’occupation – à Benyamin Nétanyahou, et a invité les juges à « ne pas douter des mots d’Israël », qui au fil des décennies a toujours annoncé ses intentions.

Parmi les cinquante-sept Etats qui ont déposé un mémoire à la CIJ en juillet 2023, sur une base volontaire, seuls les Etats-Unis estiment que l’occupation n’est ni légale ni illégale, mais un fait. C’est le seul Etat à défendre Israël sur ce point, a déploré l’avocat. Les Fidji, non plus, ne s’opposent pas à l’occupation. Le petit archipel, dont la capitale, Suva, doit accueillir au cours de l’année une ambassade israélienne, s’est présenté sur la liste des plaideurs, à la dernière minute. L’avocat et professeur franco-britannique Philippe Sands a, lui, noté que « pas même Israël n’a dénié à la Palestine le droit à l’autodétermination ».

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Source : Le Monde 

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