Amina Mag – Juriste spécialisé en Droits des étrangers et adjoint au maire de la ville des Ulis en région parisienne, Soulé N’Gaidé en a fait du chemin depuis qu’il a quitté sa Mauritanie natale en 2000 pour poursuivre ses études en France. Il a vite gravi les échelons, s’engageant sur le terrain pour apporter son soutien à ceux qui sont venus d’ailleurs pour vivre en France dans l’espoir d’améliorer leurs conditions de vie. Il revient pour Amina sur son parcours et livre son analyse sur les nombreuses difficultés des étrangers sur le sol français. Interview.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous installer en France ?
Je suis venu en France pour finir une thèse en relations internationales, que j’avais commencée trois ans auparavant à la faculté de droit de Rabat, et pour me prémunir de persécutions subies par les autorités de mon pays en raison de mes opinions politiques.
J’étais membre d’un mouvement clandestin qui dénonçait les violations des droits humains en Mauritanie. Dans mon pays d’origine persistent depuis le lendemain des indépendances des discriminations envers les populations noires. De nombreuses crises politiques et sociales ont secoué la Mauritanie et notamment dans les années 80 et 90 que nous avons appelé « les années de braises » et/ou le régime s’est lourdement et injustement acharné contre les populations noires du pays. Ces évènements sont largement documentés par les principales associations mondiales de défense des droits humains comme Human Right Watch et Amnesty International.
Aujourd’hui encore la société mauritanienne est traversée par les questions du passif humanitaire, de l’esclavage et de la paupérisation grandissante de sa population. Je suis donc né dans un très beau pays, riche en matière d’ethnie et de ressources naturelles : du fer, du pétrole, de l’or, du cuivre, du gaz, de sable, du soleil, avec la côte la plus poissonneuse du monde, et abritant une population d’à peine 4 millions d’habitants…. Mais où règne le chaos, la corruption, les discriminations et où une caste de riches maintient une grande partie de la population dans une misère sans nom. Luttant contre les injustices, mes combats d’ici sont le prolongement de mes combats dans mon pays d’origine.
Vous êtes actuellement maire adjoint aux Ulis, mais aussi juriste spécialisé de l’immigration… Quelles sont selon vous, les principales difficultés des migrants sur le plan juridique en France ?
Les principales difficultés sont d’abord liées à l’absence d’une politique d’accueil des personnes étrangères que ce soit à gauche ou à droite. Une politique d’immigration doit se projeter, se prospectiver, s’imaginer sur le long terme et pas seulement sur un quinquennat. Aussi les étrangers ne savent pas forcément sur quel pied danser en la matière.
La seconde difficulté concerne la difficulté d’accès aux préfectures et sous-préfectures pour les étrangers. Depuis l’arrivée de la « dématérialisation », les queues qu’on avait devant les préfectures ont été remplacées par des « queues électroniques » où des milliers d’étrangers tentent de faire valoir leurs droits de séjour, à la naturalisation ou au regroupement.
La troisième difficulté, qui découle aussi de la première, c’est qu’une fois que la situation de l’étranger est satisfaisante au niveau du séjour, c’est l’absence de moyens mis en place or que l’étranger qui a été admis à vivre en France soit traité de la manière la plus juste possible. Les discriminations pour l’accès au logement sont encore nombreuses et les « métiers en tension » dont on parle dans ce nouveau projet de loi ont toujours été des emplois pour les étrangers et ils sont des plus pénibles. Donc égalité de traitement pour tous les étrangers qui s’installent durablement en France et mise ne place d’une véritable politique d’accueil pour les plus vulnérables des étrangers.
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Source : Amina Mag
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France – Soulé, le parcours d’un réfugié devenu maire adjoint
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