La peur aide-t-elle à apprendre ?

The ConversationBeaucoup d’entre nous gardent un souvenir cuisant de jours où ils se sont fait disputer par un parent ou un enseignant. Les expériences auxquelles se mêle la peur s’impriment souvent dans notre mémoire. Il est essentiel en effet de se rappeler des situations douloureuses pour tenter de les éviter dans le futur. Il s’agit d’une réaction favorable à notre survie.

 

Ce lien étroit entre peur et mémoire pourrait nous amener à penser que la peur favorise les apprentissages. La recherche montre cependant qu’elle peut avoir des conséquences négatives à long terme pour les enfants comme pour les adultes, et rendre l’apprentissage plus difficile.

Alors comment apprenons-nous et qu’apprenons-nous quand nous avons peur ? Voici les réponses que nous apporte la recherche.

Comment la peur affecte les apprentissages des enfants

 

La peur est conçue pour nous protéger contre les dangers actuels et futurs. Confrontés à des situations qui les effraient, les enfants apprennent à éviter de nouvelles expériences au lieu d’explorer, de s’engager et d’aborder l’inconnu avec curiosité.

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Une exposition constante à la peur modifie la façon dont le cerveau réagit au monde extérieur. La peur déclenche une réaction de stress dans le cerveau et le met en état d’alerte ; elle nous rend hyperréactifs pour répondre de manière décisive aux menaces qui se présentent.

Cette attitude peut être bienvenue si vous vous retrouvez par exemple face à l’agressivité d’une personne inconnue. Mais elle n’a rien de productif dans un environnement d’étude comme l’école, où l’on nous demande justement d’être ouverts à de nouvelles expériences et de créer des solutions innovantes.

En fait, les zones du cerveau activées lorsque nous avons peur sont différentes de celles que nous utilisons lorsque nous réfléchissons attentivement à la manière d’aborder un problème délicat. Des recherches ont montré que, lorsque nous sommes dans un état de peur, les parties les plus primitives du cerveau prennent le relais de l’activité du cortex préfrontal, le « centre de contrôle » du cerveau.

Cela signifie qu’il est très difficile de faire des prévisions, de prendre des décisions judicieuses et d’utiliser nos connaissances existantes si nous nous sentons menacés ou effrayés.

La peur se transmet des adultes aux enfants

 

Les adultes jouent un rôle essentiel dans la façon dont les enfants vont réagir à la peur. Leur comportement face à des situations inconnues sert de modèle aux plus jeunes. Ils créent également (ou pas) des environnements sûrs qui favorisent l’exploration des enfants.

La peur s’apprend facilement par l’intermédiaire des adultes qui comptent dans la vie de l’enfant. Des études ont ainsi montré que les tout-petits et les enfants d’âge scolaire apprennent à éviter les nouvelles expériences si leurs parents communiquent ou montrent des signes de peur à cet égard.

Pensez, par exemple, à la façon dont un enfant peut apprendre à craindre les animaux en voyant les réactions de ses parents. Ou, par exemple, à la façon dont les avertissements constants comme « Fais attention ! » peuvent finir par rendre un enfant trop anxieux pour prendre des risques pour jouer, grimper aux arbres…

Les comportements des adultes influencent également le degré de sécurité intérieure que ressentent les enfants et qui leur permet d’oser être eux-mêmes et d’explorer le monde en toute confiance.

Les études sur les comportements des parents montrent de manière systématique qu’une parentalité impliquant des agressions physiques et verbales est associée à de moins bonnes performances chez les enfants, incluant des résultats scolaires insuffisants, des niveaux d’agression et d’anxiété plus élevés, des relations médiocres avec les pairs.

La situation s’inverse totalement lorsque les parents, tout en donnant des règles et des limites, sont chaleureux et encouragent l’autonomie.

Les enseignants peuvent jouer également un rôle essentiel dans le développement de réactions de peur. Les élèves sont plus susceptibles d’être motivés et d’avoir une scolarité qui marche si les enseignants sont « favorables à l’autonomie », ce qui implique d’être curieux et ouvert par rapport aux intérêts des élèves, de solliciter leur point de vue et leur proposer des choix, d’accepter toute une gamme d’émotions, de la frustration, la colère ou la réticence au jeu jusqu’à la joie et la curiosité.

 

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Aurélie Djavadi
Cheffe de rubrique Education

 

 

Source : The Conversation

 

 

 

 

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