Korhogo a la tête ailleurs. Mardi 30 janvier, entre les innombrables taxis motos et le long des échoppes qui s’entremêlent à l’infini, on continue de danser ou de souffler dans les trompettes en plastique. Dans cette grande ville du nord de la Côte d’Ivoire, les supporters sont encore enivrés par la victoire miraculeuse des Eléphants contre le Sénégal, décrochée la veille en huitièmes de finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN). « Dieu est ivoirien, ça c’est sûr », clame une jeune femme au sourire béat.
Patriotes mais commerçants, les vendeurs de maillots aux couleurs de l’équipe nationale en ont profité pour tenter de gonfler légèrement les prix. Mais, ce jour-là, tous ne veulent pas se payer un bout de tissu orange, d’autres cherchent surtout à s’offrir la plus belle réplique d’une tunique à l’effigie d’un aigle ou de chevaux cabrés. Un autre huitième, tout aussi crucial, se joue en fin de journée au stade Amadou-Gon-Coulibaly. Un derby du nord au terme duquel le Mali a terrassé le Burkina Faso (2-1) dans un match frustrant pour les Etalons.
Mali-Burkina Faso. La rencontre est un classique africain de la sous-région, un duel entre voisins d’« une rivalité farouche », rappelle Cheick Oumar Konte journaliste malien à radio Emergence. « Il y a toujours un avant match électrique : on se taquine sur les réseaux sociaux et entre journalistes, mais dans la bonne humeur », a souligné le reporter.
« Ils ont l’habitude de nous gagner »
Dans cette CAN de toutes les surprises, il fallait bien que ce huitième entre deux pays frères se joue à Korhogo, carrefour pour se diriger vers le nord du continent. La troisième ville de Côte d’Ivoire concentre une diaspora malienne et burkinabée importante, étant située non loin des frontières des deux pays. Certains supporters ont fait le déplacement de Bamako ou de Ouagadougou. « Tout le monde pense qu’ils jouent chez lui à domicile, insiste Cheick Oumar Konte. Personne n’est dépaysé. »
Sportivement, avantage pour les Aigles du Mali. « Ils ont l’habitude de nous gagner », pointe Haïbata Kabre, 40 ans qui suit les Etalons depuis le début du tournoi. Cette professeur de français, venue de Ouagadougou avec des amies, souhaite que son équipe « brise le sort ». « C’est notre tour ! », clame-t-elle. Les Burkinabés se rappellent que le 30 janvier 2004, il y a vingt ans jour pour jour, le Mali avait battu 3-1 les Etalons en phase de poules de la CAN.
17 heures. Le stade de 20 000 places est loin d’être rempli. A l’applaudimètre, les Burkinabés semblent plus nombreux. C’est parti. Les Etalons prennent l’initiative, mais dès la 3e minute le Malien Amadou Haidara trouve le poteau, suit l’action et pousse Edmond Tapsoba à marquer contre son camp (1-0). Le duel est lancé, il promet.
Les hommes d’Hubert Velud n’ont plus le choix, ils doivent aller chercher l’égalisation. Les Aigles, eux, enchaînent les petites fautes qui cassent le rythme du match. Les Etalons ne paniquent pas et tentent de construire ; l’adversaire temporise et attend les contres. Les Aigles déploient leur jeu et sont de plus en plus dangereux. Dans le dernier quart d’heure de la première mi-temps, le gardien burkinabé Hervé Koffi, multiplie les arrêts, parfois miraculeux, maintenant en vie son équipe. Jusqu’à quand ?
Pays frères
Dès la reprise de la seconde mi-temps, Lassine Sinayoko s’envole à la limite du hors-jeu et sa frappe brise un peu plus le rêve des supporters burkinabés (2-0). Mené, le Burkina Faso doit se réveiller et courir plus vite derrière le score. Jusque-là un peu ronflant, le match s’emballe enfin : sur un centre d’Issa Kaboré, un Malien touche le cuir de la main. Après assistance vidéo, l’arbitre libyen Mutaz Ibrahim siffle un penalty inespéré (57e). Bertrand Traoré ne manque pas l’occasion (2-1). Le duel est relancé et s’anime. Le public, plus nombreux, revit.
Source : Le Monde
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