Le Monde – La Coupe d’Afrique des nations (CAN) n’a pas commencé qu’elle fait déjà tourner les têtes. Alors que les supporters commencent à affluer en Côte d’Ivoire, qui accueille l’événement du 13 janvier au 11 février, les sélectionneurs rivalisent de superlatifs.
A les écouter, cette 34e CAN « a tout pour devenir fantastique », comme le promet Tom Saintfiet, le coach de la Gambie. « Elle va être la plus relevée de l’histoire du foot africain », promet Amir Abdou, le patron de la Mauritanie. « La plus belle des compétitions de l’histoire », surenchérit à son tour Walid Regragui qui est à la tête de la sélection marocaine.
Le storytelling est lancé, prêt à être diffusé par les suiveurs qui ne devraient pas manquer en tribune de presse. En effet, l’instance organisatrice de la compétition, la Confédération africaine de football (CAF), dit avoir enregistré « plus de 5 000 demandes d’accréditation des médias » pour couvrir la CAN, « soit 90 % de plus que l’édition 2021 au Cameroun ». Un « nombre record », selon la CAF, qui en dit long sur les attentes que suscite la plus prestigieuse des épreuves sportives du continent.
Cette année, la compétition s’annonce d’autant plus passionnante que toutes les plus grandes nations du foot africain – avec leurs stars planétaires – seront présentes. « D’habitude, il en manque toujours une », note avec enthousiasme Tom Saintfiet. « Le niveau des équipes a beaucoup évolué », reconnaît Yacine Idriss Diallo, président de la fédération ivoirienne de football.
Comme des vieux briscards
Ainsi, le Sénégal, tenant du titre – et déjà finaliste en 2019 – cherchera à décrocher une deuxième étoile d’affilée. Même si ses principaux piliers, tels que Sadio Mané, Edouard Mendy ou encore Kalidou Koulibaly, ont choisi de jouer sous le soleil doré de l’Arabie saoudite, un championnat au niveau moins élevé qu’en Europe, les Lions de la Terranga « sont arrivés à maturité », souligne Woury Diallo, journaliste sénégalais au Quotidien. « Une partie de l’équipe va faire sa troisième ou quatrième CAN ensemble et des jeunes ont été intégrés très vite », ajoute-t-il.
Une autre voudra sa revanche : l’Algérie de Djamel Belmadi. Son armée de techniciens à l’élégance insolente, à l’image de Riyad Mahrez, aura à cœur d’effacer son échec lors de la précédente CAN et son élimination dès le premier tour, notamment après une défaite humiliante face à la Côte d’Ivoire (3-1). « On va bien se préparer, ne vous en faites pas. Tout le monde me parle de la CAN, que ce soit le public, que ce soit ma mère, que ce soit mes enfants. Nous irons en Côte d’Ivoire avec l’ambition de gagner », a assuré le sélectionneur, vainqueur avec les Fennecs en 2019.
Il faudra aussi encore compter sur l’Egypte, vice-championne en titre, aux records qui semblent aussi éternels que ses pyramides. Vingt-six participations en Coupe d’Afrique des nations, sept trophées, 107 matchs disputés pour 60 victoires… Aucune autre équipe du continent n’a fait mieux. Moins flamboyants qu’antan, les Pharaons, toujours guidés par Mohamed Salah, compensent en jouant depuis quelques années comme des vieux briscards, à l’expérience, à coups de petits vices.
Et ce n’est pas tout : le Nigeria et son escouade offensive menée par l’attaquant masqué (littéralement) Victor Osimhen, récemment élu meilleur joueur africain 2023, sont désespérément à la recherche du quatrième sacre qui leur échappe depuis 2013. On peut aussi évoquer les équipes toujours attendues comme la Tunisie, le Ghana, le Mali, l’Afrique du Sud, sans oublier le Cameroun qui, sur ses fulgurances improbables, peut remporter un sixième titre et se faire pardonner sa troisième place à la dernière CAN, organisée sur son sol.
« Le favori des favoris »
Et puis, il y a le Maroc, « le favori des favoris », comme dirait Joseph-Antoine Bell, 69 ans, mythique gardien des Lions indomptables et observateur aiguisé du football africain. Après leur sublime parcours à la Coupe du monde au Qatar (en 2022) et leur quatrième place, les Lions de l’Atlas sont les prétendants naturels à la victoire finale. Un statut dont le sélectionneur Walid Regragui ne semble plus vouloir entendre parler.
Même s’il a annoncé, il y a plusieurs mois déjà, que l’objectif du Maroc était d’atteindre au moins la demi-finale, aujourd’hui, le coach marocain tient un autre discours, plus mesuré. « On n’est pas favoris. Il y a de meilleures équipes que le Maroc sur le continent, explique-t-il. Tout le monde rêve de faire tomber le Maroc. Ça va être très compliqué pour nous. » Il dit se méfier des nations qui n’ont pas été qualifiées à la dernière Coupe du monde, qui ont « progressé » depuis selon lui, et qui, comme une obsession, ne pensent qu’à la CAN… « La Coupe d’Afrique a toujours été difficile pour le Maroc. On n’en a qu’une [remportée en 1976]. Je crois que la derrière fois qu’on a fait une demi-finale, je jouais encore et j’avais des cheveux [en 2004] », plaisante-t-il.
Source : Le Monde
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