e camp occidental termine l’année plus mal qu’il ne l’avait commencée. Cela tient évidemment au fossé entre ses paroles et ses actes à propos de l’Ukraine, érigée en priorité sans que l’intendance ne suive. Mais son soutien sans guère de réserve au gouvernement le plus extrémiste de l’histoire d’Israël, après les massacres barbares de civils israéliens perpétrés par le Hamas le 7 octobre, n’a pas moins contribué à sa perte de crédibilité. L
Cette crédibilité aura du mal à se remettre de la tolérance manifestée à l’égard d’autres massacres, ceux des civils palestiniens victimes de bombardements indiscriminés, justifiés par l’objectif d’éradiquer le mouvement islamiste.
La mise en cause des principes à géométrie variable du camp occidental, aussi légitime soit-elle, ne doit pourtant pas faire système. Elle ne doit pas masquer en particulier une véritable panne arabe, un silence d’autant plus embarrassant qu’il ne cesse de s’étirer. Son seul bénéfice est d’acter l’inutilité de la Ligue arabe, devenue une Société des nations qu’on aurait oublié de prévenir de sa disparition.
L’Egypte, qui fit longtemps office de métronome régional, n’est plus que l’ombre d’elle-même, incapable de peser sur ses voisins livrés aux désordres que sont la Libye et le Soudan. La Syrie, un autre pilier du passé, ne parvient pas non plus à se relever d’une décennie de guerre civile.
La passivité des Emiratis et des Saoudiens
Le déplacement du centre de gravité arabe vers la péninsule Arabique a été acté avec la dernière percée diplomatique d’ampleur survenue en 2020 : les accords d’Abraham, qui ont normalisé les relations entre Israël et les Emirats arabes unis, ainsi qu’avec Bahreïn et, plus tard, avec le Maroc. La guerre entre l’Etat hébreu et le Hamas a suspendu pour un temps ce qui doit en être le dernier acte, et le plus important : l’établissement de relations diplomatiques entre Israël et l’Arabie saoudite.
L’automne sanglant a mis en évidence le défaut de conception de ces normalisations en ordre dispersé : l’occultation de la question palestinienne, qui fut longtemps une cause arabe par excellence. L’initiative de paix lancée par le régent saoudien Abdallah Ben Abdel Aziz Al Saoud en 2002 proposait d’ailleurs à Israël, qui n’y avait jamais répondu autrement que par le mépris, une normalisation globale avec les pays de la région en échange de la création d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967, soit à Gaza et en Cisjordanie.
Les dirigeants aujourd’hui les plus en vue de la péninsule arabique, l’Emirati Mohammed Ben Zayed et le Saoudien Mohammed Ben Salman, ont montré combien ils pouvaient s’adapter aux nouveaux déséquilibres du monde en dialoguant à la fois avec les Occidentaux, Pékin et Moscou. La pompe qui a entouré la visite effectuée par Vladimir Poutine dans leurs pays l’a montré de manière ostensible le 6 décembre. Face au carnage en cours à Gaza, la passivité de ces deux nouveaux membres du forum des BRICS, qui est un élément du Sud global volontiers opposé au camp occidental, est d’autant plus incompréhensible.
Adversaires résolus de toute forme d’islam politique, ces deux autocrates ont toutes les raisons d’être hostiles au Hamas. La glaciation qui a saisi l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et qu’incarne le chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, 87 ans, n’est pas non plus propice à un réengagement. Ce dernier est pourtant dans leur intérêt.
Ils ne peuvent en effet que constater que leur prise de distance a été mise à profit par l’Iran et sa capacité de nuisance. Même si les tensions ont été jusqu’à présent contenues sur la frontière entre l’Etat hébreu et le Liban, la stratégie de harcèlement conduite par les miliciens houthistes en mer Rouge en représailles à l’offensive israélienne à Gaza peut à tout instant bloquer une artère vitale pour le commerce international.
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