France – Loi « immigration » : des étudiants africains toujours plus entravés dans leur mobilité

Le texte durcit les conditions d’arrivée et de séjour en France et devrait aussi rendre impossible l’exonération des frais de scolarité qui avaient fortement été augmentés en 2019.

Le Monde – L’inquiétude est palpable chez les étudiants africains après l’adoption de la loi « immigration » par le Parlement, mardi 19 décembre. Le texte, qui durcit les conditions d’arrivée et de séjour en France, prévoit une hausse des frais de scolarité pour les étudiants étrangers, lesquels devront payer une « caution de retour » et seront soumis à des quotas. Des mesures jugées « discriminantes » par les syndicats et les associations.

En 2020, la France était le sixième pays accueillant le plus d’étudiants étrangers au monde, avec 400 000 élèves. Le Maroc, dont près de 46 000 ressortissants sont inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur français, est le pays le plus représenté, suivi de l’Algérie avec 31 000 étudiants. Environ 15 000 étudiants sénégalais, 13 000 Tunisiens et 10 000 Ivoiriens sont également inscrits dans les écoles et universités de l’Hexagone.

« Il y a un fantasme migratoire chez le gouvernement et les parlementaires qui ont voté ces mesures. Les étudiants africains sont soupçonnés de tricher pour pouvoir s’établir durablement en France », s’indigne Lina Hernandez, secrétaire générale de Solidaires étudiant-e-s. La loi, votée au lendemain de la Journée internationale des migrations, « instaure un régime discriminant et une rupture d’égalité manifeste entre les étudiants européens et extracommunautaires », estime-t-elle.

Outre la « caution retour », le texte prévoit l’instauration de droits d’inscription différenciés pour les étudiants étrangers. En 2019 déjà, des frais d’inscription majorés avaient été mis en place dans le cadre du plan « Bienvenue en France ». Mais cette majoration a été très peu appliquée par les présidents des universités, qui se sont largement saisis de leur droit d’exonération. D’après Campus France, en 2023, 42 universités (soit 57 %) exonèrent l’intégralité les étudiants étrangers et 16 universités (soit 22 %) exonèrent une partie les étudiants, selon des critères linguistiques, géographiques ou encore académiques. Seulement 13 universités (18 %) appliquent complètement les frais majorés.

Prouver le « caractère réel et sérieux des études »

Selon Salomé Hocquard, délégué adjoint de l’Unef, cette inscription dans la loi aujourd’hui vaut « généralisation, sans possibilité d’exonération de la majoration des droits d’inscription ». La mesure est vécue comme une injustice par Mohammed Lamine Diaby, 25 ans, cofondateur de la Fédération estudiantine pour l’Afrique et les Caraïbes. L’étudiant, qui poursuit un double cursus en licence de philosophie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et un master en management à l’EMLyon Business School, estime que « la loi cible les Africains » et « vise à donner la priorité aux étudiants américains et asiatiques », dénonçant une « mesure idéologique qui ne trouverait pas de justification sur le plan financier ».

Le projet de loi acte aussi le principe d’un débat annuel du Parlement sur l’immigration, ainsi que l’adoption de « quotas » d’immigrés. Un débat qui concernera aussi l’immigration étudiante d’après le président du groupe LR à l’Assemblée, Olivier Marleix. « Cette loi dit aux étudiants africains : “Ne venez pas ici, on ne veut pas de vous” alors même que le choix de la France pour les étudiants d’Afrique francophone reste un choix logique du fait de l’histoire », déplore la Congo-Ghanéenne Uriel Asare, qui, à 22 ans, poursuit un programme « grandes écoles » à la Skema Business School et est porte-parole de la Voix des étudiants étrangers, une association qui accompagne ces derniers dans leurs démarches administratives, notamment celle de la régularisation des titres de séjour.

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Source : Le Monde

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