Loi immigration : à la Cité universitaire internationale de Paris, le malaise des étudiants étrangers

RFI – En France, le projet de loi immigration a été voté par l’Assemblée nationale mardi 19 décembre 2023. Dans ce texte, un volet n’a pas manqué, lui aussi, de faire du bruit : celui qui concerne les étudiants internationaux. Des étudiants qui pourraient bientôt payer une caution pour prouver qu’ils ont suffisamment d’argent pour repartir dans leur pays d’origine. Les frais d’inscriptions pourraient aussi augmenter pour les étudiants hors Union européenne. Reportage à la Cité universitaire internationale, à Paris, pour rencontrer ces étudiants venus de loin.

« Je suis venu ici, à Paris, pour un master spécialisé après mon diplôme d’ingénieur. Forcément, il y a la famille qui manque, les habitudes qui manquent ! Mais bon, en même temps, il y a aussi cet aspect de découverte qui n’est pas mal. C’est une bonne expérience jusqu’à présent. » Christian est Camerounais. Il étudie en France depuis le mois de septembre 2023. « La vie, elle est aussi un peu plus chère, et tout part presque dans le loyer. Ce n’est pas facile au début, mais après ça va, ça va… On s’y fait. Comme j’ai dit, ça fait quatre mois que je suis là ! Je commence à prendre le rythme », relativise-t-il.

La loi immigration, il n’en connaît pas tout le contenu, mais s’étonne qu’un volet soit consacré aux étudiants internationaux : « Je ne comprends pas cette stigmatisation. Ils viennent poursuivre une formation pour acquérir plus de connaissances et accéder à des boulots qui ne sont peut-être pas disponibles en Afrique, parce qu’il y a certains domaines qui ne sont pas ouverts en Afrique. Et si l’étudiant veut étudier dans ce domaine et que ça n’est pas très développé dans son pays… Il n’a pas le choix, en fait. »

L’incompréhension de la caution

Certains n’ont pas le choix. D’autres cherchent l’excellence, comme Sinha. Après des études d’ingénieur en Inde, son pays d’origine, puis au Royaume-Uni ou encore en Suisse, ses professeurs lui conseillent la France : « Je m’intéresse à l’intelligence artificielle, j’ai besoin d’une approche théorique par les mathématiques. Mes professeurs m’ont alors dit de venir en France, car le niveau en maths est très bon. »

Lui aussi s’est intéressé à la loi immigration. Il bloque sur le projet de caution pour les étudiants internationaux : « J’ai l’impression qu’on parle de la caution d’un appartement pour prouver que je ne vais rien abîmer. Je ne comprends pas bien le message. Au contraire, on devrait tout faire pour que les étudiants et les jeunes qualifiés aient envie de venir. Peu importe d’où ils viennent, pour le bien de la société. »

Perte de compétences pour la France

Une loi immigration qui n’encourage pas les étrangers à venir étudier en France. C’est aussi ce que croit Guillaume Gellé, président de l’université Reims Champagne-Ardenne, et de France Université : « Les étudiants internationaux formés en France, pour une partie d’entre eux, restent aussi travailler en France, à peu près 20%. Ils apportent donc toutes leurs compétences à l’économie de notre pays. Nous avons dans nos unités de recherche 40% de nos doctorants qui sont d’origine étrangère. Cette loi va produire des effets négatifs, puisqu’elle va faire reculer notre pays sur ces différents sujets. »

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Valentin Hugues

 

 

Source :  RFI

 

 

 

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