Des habitants de Kidal doutent de l’existence d’un charnier

L'armée malienne affirme avoir découvert une fosse commune à Kidal. Certains habitants de la région doutent de la véracité de cette information.

Deutsche Welle – L’information est arrivée dans les rédactions dimanche matin [19.11.23] sous la forme d’une dépêche au titre laconique : « L’armée malienne affirme avoir découvert ‘un charnier’ à Kidal« , dans le nord du Mali.

En fait, c’est par un tweet que les forces armées maliennes ont annoncé leur découverte macabre du jeudi 16 novembre. Et depuis, il est difficile d’obtenir des informations tant le sujet est délicat.

Des soldats des forces armées maliennes (FAMa) auraient trouvé une fosse commune « lors de leurs opérations de sécurisation » de Kidal, ville qu’ils ont reprise le 14 novembre aux rebelles touaregs. Dans leur tweet, les FAMa imputent ce charnier à des « terroristes », sans plus de détails.

Selon le vice-président de la Commission nationale de défense du CNT, Le Conseil national de transition, qui fait office d’assemblée, les « enquêtes sont en cours » et les pouvoirs publics communiqueront au « moment opportun ». Nous ne sommes pas parvenus à joindre l’état-major.

 

Un charnier sans preuve encore

 

Attaye Ag Mohamed, le chef de la délégation de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) au comité de suivi de l’accord de paix d’Alger de 2015, qualifie dès à présent ce présumé charnier de « farce ».

Un représentant de la société civile de Kidal confirme, sous couvert d’anonymat, qu’il a bien entendu parler de l’annonce de l’armée malienne, mais il doute de sa véracité.

« Je n’ai pas connaissance de charnier à Kidal, je n’ai jamais entendu qu’il y en avait. Et même, ce charnier, il appartient à qui ? C’est ça la question : qui est mort ? Qui a payé [les auteurs de ce présumé massacre] ? Pourquoi ? Quand on dit des choses, il faut que ce soit fondé. Quand on parle de charnier découvert comme ça, c’est trop vague. C’est de la communication […] ça n’existe pas. »

 

Groupes armés touaregs et groupes terroristes

 

Aly Tounkara, directeur exécutif du Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel (CE3S

), est moins catégorique. Il rappelle les liens entre certains mouvements armés du nord du Mali et des groupes terroristes.

« Il est important de ne pas occulter que les mouvements armés sont sévèrement traversés par des groupes radicaux violents avec le référentiel musulman, notamment les hommes de lyad Ag Ghali. Donc vouloir à tout bout de champ mettre [les violences] au compte de l’armée régulière, ce serait un raccourci analytique. »

Mais d’après le chercheur, quels que soient les résultats de l’enquête ouverte, ils seront contestés par le camp mis en cause qui rejettera la responsabilité de ces violences sur le camp d’en face.

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Sandrine Blanchard | Eric Topona

Source : Deutsche Welle (Allemagne)

 

 

 

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