
Jeune Afrique – Après les incontournables sommets France-Afrique devenus « Afrique-France », qui rythmaient la vie diplomatique des pays francophones, d’autres puissances planétaires ont voulu s’offrir leur face-à-face avec l’entièreté d’un continent de plus en plus courtisé. Ainsi sont nés le sommet Russie-Afrique et son forum économique et humanitaire, le sommet Turquie-Afrique, le sommet Chine-Afrique et, petit-dernier de cette rimbabelle, le sommet Arabie saoudite-Afrique.
Soft power mâtiné de religion
Ce 10 novembre, Riyad a réuni, au Centre international de conférences Roi-Abdelaziz – et pour la première fois – des chefs d’État africains autour d’un thème un peu fourre-tout : « Développement et prospérité : agriculture, éducation, santé et aide humanitaire ».
Pour l’heure, sur le continent africain, la puissance wahhabite distille principalement un soft power mâtiné de diplomatie religieuse. Une influence organisée autour de constructions de mosquées, de formations d’imams et de délivrance de visas pour le pèlerinage de La Mecque. En de plus rares occasions, le royaume saoudien mène des médiations – du conflit Éthiopie-Érythrée à la crise soudanaise – par le biais de son secrétariat d’État aux Affaires africaines.
Parfois mise à l’index lorsqu’est évoquée la genèse du jihad planétaire, l’Arabie saoudite se refait une virginité en intervenant, par exemple, comme contributeur financier d’un G5 Sahel aujourd’hui comateux. Surpris par l’attaque du Hamas en Israël, le royaume, engagé dans un processus de « normalisation globale » au Moyen-Orient, est contraint de temporiser. Le roi, Salmane Ben Abdelaziz al-Saoud, et le prince héritier, Mohammed Ben Salmane (MBS), ne doivent pas être fâchés de détourner le regard de cette région tourmentée et de lorgner le continent africain…
Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Source : Jeune Afrique
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