Combats acharnés entre Israël et le Hamas à Gaza, des milliers de civils fuient

Des milliers de civils palestiniens démunis ont une nouvelle fois pris le chemin du sud de la bande de Gaza jeudi, fuyant à pied le nord du territoire en ruines où les combats au sol, accompagnés de bombardements, font rage entre l'armée israélienne et le Hamas.

Courrier international – Après plus d’un mois de frappes israéliennes meurtrières, en représailles à l’attaque sanglante menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre, plusieurs centaines de milliers de civils, selon l’ONU, restent piégés dans une situation humanitaire désastreuse dans le nord de la bande de Gaza.

Jeudi, comme la veille, une foule d’hommes et de femmes à pied, portant leurs enfants dans les bras, les mains vides ou emportant de petits baluchons, ont envahi la route menant vers le sud, selon un journaliste de l’AFP.

Israël a annoncé avoir ouvert pendant plusieurs heures un nouveau « couloir » d’évacuation, après le départ mercredi de 50.000 personnes.

L’armée israélienne a déclaré avoir pris le contrôle la veille, « après dix heures de combats », d’une « place forte » du Hamas à Jabaliya, un camp de réfugiés du nord de Gaza.

 

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Bombardement israélien sur la bande de Gaza, le 9 novembre 2023

 

Lors de ces combats, les soldats ont « saisi de nombreuses armes, découvert des entrées de tunnels dont l’un, adjacent à un jardin d’enfants, conduit à un vaste réseau souterrain », a ajouté l’armée.

Israël bombarde sans répit le petit territoire depuis le 7 octobre et a juré « d’anéantir » le mouvement islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l’Union européenne et Israël.

L’armée y mène aussi depuis le 27 octobre une opération terrestre, resserrant son étau sur la ville de Gaza, dans le nord, où se trouve, selon Israël, le « centre » de l’infrastructure du Hamas.

 

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Des troupes israéliennes en opération dans le nord de Gaza, le 8 novembre 2023 (Photo prise lors d’un tour sous contrôle de l’armée israélienne)

 

Quelque 130 entrées de tunnels ont été découvertes depuis le début de cette opération, qui a coûté la vie à 34 soldats selon l’armée.

Mercredi, l’AFP a pu s’approcher de l’épicentre des combats dans le nord de Gaza lors d’une incursion organisée par l’armée israélienne. Palmiers brûlés, lampadaires tordus, panneaux de signalisation déformés témoignaient de l’intensité de l’offensive le long de la route côtière, en ruines, qui relie le nord au sud du territoire.

 

Enterrés dans un verger

 

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Des Palestiniens regardent un panache de fumée au-dessus de Khan Younès pendant un bombardement israélien, dans le sud de la bande de Gaza, le 8 novembre 2023

 

Selon l’ONU, 1,5 million de personnes sur les 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza ont été déplacées par la guerre. Des centaines de milliers de réfugiés en détresse s’entassent dans le sud, où les réserves alimentaires baissent dangereusement, selon l’ONU.

Israël a cependant nié l’existence d’une « crise humanitaire » à Gaza, tout en reconnaissant les « nombreuses difficultés » auxquelles font face les civils.

 

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Des Palestiniens fuient à pied vers le sud de la bande de Gaza, le 8 novembre 2023

 

Mahmoud al-Masri, un agriculteur de 60 ans, a enterré à la hâte ses trois frères et ses cinq neveux dans son verger, avant de fuir sa maison de Beit Hanoun, dans le nord-est de la bande de Gaza, près de la barrière de séparation avec Israël.

« Nous avons été contraints de les inhumer dans le verger car le cimetière se trouve dans la zone frontalière où les chars effectuent des incursions et la situation y est très dangereuse. Je transférerai les corps après la guerre », a raconté à un journaliste de l’AFP cet homme réfugié avec sa famille dans un hôpital de Khan Younès, une ville du sud de la bande de Gaza.

Un chirurgien du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Tom Potokar, a décrit une situation « catastrophique » à l’Hôpital européen de Khan Younès.

 

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Des femmes et des enfants attendent une distribution de nourriture à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 8 novembre 2023

 

« Durant les dernières 24 heures, j’ai vu trois malades avec des asticots dans leurs blessures », a-t-il raconté à l’AFP.

En Israël, au moins 1.400 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre, selon les autorités, en majorité des civils tués le jour de l’attaque du Hamas, d’une violence et d’une ampleur inédites depuis la création de l’Etat d’Israël en 1948.

Le Hamas détient en outre 239 otages, selon l’armée.

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Des Palestiniens déplacés campent dans l’enceinte de l’hôpital al-Nasser à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 9 novembre 2023

 

Dans la bande de Gaza, les bombardements israéliens ont fait 10.812 morts, essentiellement des civils incluant 4.412 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.

« Des lampes frontales » pour opérer

 

De multiples appels à une trêve ont été lancés en vain pour permettre d’acheminer de l’aide à la population du territoire de 362 kilomètres carrés privée d’eau, d’électricité, de nourriture et de médicaments par le siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre.

La situation humanitaire s’aggrave de jour en jour, selon les ONG, alors que l’aide internationale arrive au compte-gouttes depuis l’Egypte.

Dans le nord de la bande de Gaza, des centaines de milliers de personnes se trouvent toujours au nord du Wadi Gaza, le cours d’eau qui traverse le territoire d’est en ouest, « dans une situation humanitaire désastreuse », « luttant pour obtenir les quantités minimales d’eau et de nourriture nécessaires à leur survie », selon le Bureau de coordination humanitaire de l’ONU (Ocha).

 

POOL/AFP

Le président français Emmanuel Macron (c) à l’ouverture de la « conférence humanitaire » sur Gaza à l’Elysée, le 9 novembre 2023 à Paris

 

Les hôpitaux qui n’ont pas encore fermé manquent de médicaments et de carburant pour faire fonctionner les groupes électrogènes.

« Nous essayons de soigner les malades en installant des lampes sur les murs qui fonctionnent avec des batteries de voitures », témoigne le docteur Ahmad Mhanna, un médecin de l’hôpital Al-Awda de Jabaliya, qui décrit une situation « triste et tragique ».

Dans la maternité, « les médecins utilisent des lampes frontales », tout comme au bloc opératoire, où les chirurgiens opèrent « sous anesthésie locale », faute d’électricité pour faire fonctionner le matériel nécessaire aux anesthésies générales.

Gaza, miné par la pauvreté, était déjà soumis à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.

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Bande de Gaza (Territoires palestiniens) (AFP)

Source : Courrier international

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