L’armée israélienne intensifie ses frappes sur Gaza, plongeant les civils dans la terreur et la faim

L’enclave a été coupée en deux par les militaires israéliens alors que la population du Nord est sommée de fuir au Sud, sans garantie sur sa sécurité. Dix-huit agences de l’ONU demandent « un cessez-le-feu humanitaire immédiat » face au « choc et à l’horreur » suscités par « le nombre de vies perdues et ravagées ».

Le Monde – Les protestations officielles et les manifestations des derniers jours à travers le monde n’y ont rien changé, pas plus que le communiqué commun et rare des dix-huit principales agences de l’ONU appelant à « un cessez-le-feu humanitaire immédiat » face « au choc et à l’horreur » suscités par « le nombre de vies perdues et ravagées » dans la bande de Gaza : durant le week-end, les frappes de l’armée israélienne sur l’enclave ont encore augmenté, alors que s’engage une phase décisive des opérations militaires, qui mène les forces israéliennes au cœur de la zone urbaine dense de la ville de Gaza.

Les frappes, elles, ne visent pas seulement ce secteur, au nord de l’enclave. Samedi à minuit, un bombardement a frappé le camp de Maghazi, situé au sud du wadi Gaza, le cours d’eau désigné par l’armée israélienne comme la frontière entre la zone de combat et les régions où les habitants sont sommés de fuir. Cette frappe a causé la mort de 50 personnes, selon le ministère de la santé de Gaza.

L’armée israélienne dit avoir frappé 2 500 cibles depuis le début des opérations terrestres, lancées un peu plus d’une semaine plus tôt. Pendant plusieurs jours, ses forces ont progressé depuis le nord de l’enclave et depuis l’est, parvenant au cours du week-end à encercler la ville de Gaza. C’est là que, selon les Israéliens, se trouve le plus gros des structures du Hamas, installées en grande partie sous terre. Des bombardements d’une intensité encore inédite dans ce conflit ont eu lieu sur la ville. « Des frappes significatives sont maintenant en cours » dans la bande de Gaza, et « elles se poursuivront cette nuit et dans les jours à venir », a déclaré, dimanche soir, le porte-parole de l’armée, Daniel Hagari.

Le Hamas a affirmé qu’Israël menait « d’intenses bombardements » autour de plusieurs hôpitaux, dont l’hôpital Al-Shifa, le plus grand du territoire. L’organisation islamiste a appelé sur sa chaîne Telegram le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, à former « une commission d’enquête internationale » pour venir à Gaza dans les hôpitaux afin d’y passer au crible les « narrations fallacieuses des occupants [israéliens] » qui assurent que le Hamas s’en sert comme boucliers pour ses installations.

La population paniquée et affamée

L’agglomération de Gaza est plongée dans le noir. L’accès à Internet et les lignes téléphoniques ont été coupés. « Nous avons malheureusement perdu tout contact avec nos équipes dans Gaza avec cette troisième coupure des communications depuis le début de l’escalade », a déclaré le Croissant-Rouge palestinien. Peu après ce black-out, l’armée israélienne a concentré ses bombardements d’ampleur sur la ville, en ciblant le camp de réfugiés d’Al-Chati, en bord de mer, non loin de l’hôpital Al-Shifa, devenu le refuge de milliers de personnes, à moins de 3 kilomètres des positions israéliennes les plus proches.

Dimanche matin, dans une série de messages diffusés sur Instagram, Bisan Owda, une cinéaste qui documente au quotidien la vie dans l’hôpital, tentait de décrire, sans pouvoir retenir ses larmes, la situation de plus en plus critique des Gazaouis : une population paniquée et désormais affamée, alors que les dernières boulangeries ont fermé après des tirs contre les panneaux solaires qui leur permettaient encore de fonctionner. « Nous avons survécu aux bombardements, au phosphore blanc, mais il n’y a plus de nourriture, il n’y a plus d’eau. Il ne nous reste plus que l’eau salée de la mer », témoignait-elle.

Dimanche, l’aviation israélienne a largué de nouveaux tracts appelant les habitants à quitter la ville de Gaza : « L’Etat d’Israël vous demande de préserver vos vies et de quitter vos maisons immédiatement dans la zone de combat. Vous devez évacuer entre 10 heures et 14 heures par la route Salah Al-Din et vous diriger vers la zone humanitaire dans le sud. » « Nous permettons encore un passage pour les civils du nord de Gaza et de la ville de Gaza vers le Sud », a confirmé Daniel Hagari, qui précise que le territoire est coupé en deux par les troupes israéliennes, alors que 300 000 à 400 000 personnes se trouveraient encore dans la zone nord.

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(Jérusalem, envoyé spécial) et

Source : Le Monde

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