Courrier international – Une frappe israélienne qui visait selon Tsahal à “éliminer” un dirigeant du Hamas, a fait des dizaines de morts dans le plus grand camp de réfugiés de la bande de Gaza, mardi 31 octobre. La Bolivie a réagi en rompant ses relations diplomatiques avec l’État hébreu tandis que le Chili et la Colombie ont rappelé leurs ambassadeurs en Israël.
Le bombardement israélien qui a tué des dizaines de Palestiniens dans le camp de réfugiés de Jabaliya à Gaza est une nouvelle fois venu souligner mardi 31 octobre “les risques d’une invasion terrestre” de Tsahal “dans un environnement urbain densément peuplé”, analyse le Wall Street Journal.
L’armée israélienne a reconnu être responsable de l’attaque mais a assuré qu’elle avait cherché à cibler le bastion du commandant du Hamas, Ibrahim Biari, présenté comme un des responsables de l’attaque du 7 octobre. Selon le Jerusalem Post, ce centre comprenait “des infrastructures et des tunnels qui servaient aux terroristes pour se déplacer vers la zone côtière”. Tsahal a affirmé que le bombardement avait provoqué l’effondrement des infrastructures militaires souterraines du Hamas, au-dessus desquelles se trouvaient des “bâtiments civils” dont le groupe palestinien avait pris le contrôle.
Le commandant du Hamas “se cachait, comme le Hamas en a l’habitude, parmi des civils”, a affirmé le lieutenant-colonel Richard Hecht, l’un des porte-parole de Tsahal dans un entretien accordé à CNN. Interrogé par le journaliste Wolf Blitzer sur l’impact des bombardements sur “des civils innocents” du camp de réfugiés, le militaire a répondu que c’était là “la tragédie de la guerre” tout en encourageant les civils à évacuer le nord de l’enclave palestinienne.
Les tunnels du Hamas, “des infrastructures hors normes”
Selon Jonathan Conricus, porte-parole de l’armée israélienne, Ibrahim Biari se trouvait dans ce “vaste complexe de tunnels d’où il dirigeait les opérations”. “Nous estimons que des dizaines de combattants du Hamas étaient avec lui et ont également été tués lorsque le complexe souterrain s’est effondré”, a-t-il précisé lors d’une conférence de presse mardi soir.
D’après la Süddeutsche Zeitung, il n’est toutefois pas certain qu’Ibrahim Biari soit “réellement mort dans l’attaque comme l’affirme Israël”.
Dans un entretien accordé à la Libre Belgique, l’experte des conflits en milieu urbain Daphné Richemond-Barak estime que les tunnels du Hamas, “des infrastructures hors normes”, représentent un triple défi pour l’armée israélienne. Celle-ci doit “faire attention aux civils palestiniens qui n’ont pas évacué Gaza, aux otages qui ont été emmenés dans les tunnels, tout en menant une guerre souterraine qui représente déjà un challenge de taille”. “Ce sont ces trois missions qu’Israël doit réussir à remplir. Mais c’est quasiment insurmontable du point de vue militaire”, conclut la professeure à l’Institut international du contre-terrorisme à l’université Reichman à Tel-Aviv qui s’est déjà rendu dans le “métro” de Gaza, comme on le surnomme.
Tensions diplomatiques
Pour le Wall Street Journal, la frappe de mardi est en tout cas “un défi de plus pour les États-Unis et d’autres pays occidentaux qui tentent de maintenir leur soutien” à l’opération militaire israélienne. Alors que les pertes civiles à Gaza continuent d’augmenter, “Israël subit une pression internationale croissante”, note le journal américain.
Mardi, le gouvernement bolivien a annoncé rompre ses relations diplomatiques avec Israël. Quelques heures plus tard, le Chili et la Colombie ont rappelé leurs ambassadeurs en Israël, Santiago dénonçant des “violations du droit humanitaire” et Bogota un “massacre”.
Le Qatar, impliqué dans les tentatives de résolution de la crise des otages aux mains du Hamas, a lui aussi condamné “un nouveau massacre”, et mis en garde contre des opérations susceptibles de “saper les efforts de médiation”.
Source : Courrier international
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