Rugby : l’euphorie en Afrique du Sud après la victoire des Springboks en finale de la Coupe du monde

Les supporteurs sud-africains réunis à Johannesburg ont souffert pendant une finale tendue contre les All Blacks, avant la libération de l’ultime coup de sifflet, qui a consacré une quatrième victoire de la « nation arc-en-ciel » dans la prestigieuse compétition.

Le Monde – Ils sont montés sur les tables, manière de rappeler qu’ils sont sur le toit du monde. A l’ultime coup de sifflet de la finale de la Coupe du monde de rugby, qui a vu l’Afrique du Sud l’emporter contre la Nouvelle-Zélande (12-11), samedi 28 octobre, les 2 000 supporteurs réunis dans la fan-zone du Pirates Club, un bar de Johannesburg, ont levé leurs verres au ciel et fait pleuvoir des litres de bière sur la foule comme des dieux déchaînés.

Sur leur piédestal, ils ont souligné l’écart qui sépare désormais l’Afrique du Sud de la concurrence. « C’est notre quatrième trophée, personne n’a jamais eu ça, mec, je n’ai pas les mots », balbutie Siyabonga, l’un d’eux. « T’as déjà vu une équipe jouer aussi bien dans ce putain de monde ? », interpelle Chris, l’air ahuri. L’homme aux cheveux blonds, la voix presque éteinte, cherche à convertir les brebis égarées : « Le rugby des Springboks, c’est rien de moins qu’un culte. C’est un culte de la gagne, et tu dois le rejoindre ! »

Il fallait bien une divinité, un esprit ou un génie pour permettre à la sélection de traverser cette compétition en cumulant les victoires étriquées et à leurs supporteurs de continuer à y croire. « C’était très indécis mais on s’est accroché à l’esprit de l’Afrique du Sud », résume Johnny en criant. « Après avoir détroussé les Anglais et fait déjouer les Français », les Boks ne pouvaient plus compter « sur leur bonne fée », prévenait le journaliste Lungani Zama peu avant la finale. Si ce n’est pas la chance, il faut donc y voir une mentalité. « C’est complètement fou, ça montre à quel point c’est une bonne équipe, comment ils font bloc », corrige Wynand Claasen, ancien capitaine des Springboks dans les années 1980.

Comme par mimétisme, les Sud-Africains réunis dans la fan-zone se sont pris dans les bras au coup de sifflet final. Ils venaient de souffrir, ensemble, pendant plus de quatre-vingts minutes. Les câlins maladroits ont ressemblé à des mêlées. « Franchement, l’Afrique du Sud traverse un moment compliqué, on a plein de problèmes, mais voilà quelque chose qui nous rassemble. Je suis très fière d’être sud-africaine en ce moment », s’enthousiasme Chloé, 20 ans, les avant-bras peints aux couleurs nationales. « C’est un accomplissement pour notre pays, ça nous rassemble à un moment d’incertitude, à un moment où on en a besoin », confirme Jason, en tirant sur sa vapoteuse le regard dans le vide.

Le capitaine Siya Kolisi adulé

Les Sud-Africains sont déprimés par un sentiment de déclassement lié à la dégradation des infrastructures, à la corruption, au crime ou à la crise de l’électricité… Mais, derrière leurs Springboks, ils ne craignent plus rien ni personne. Le haka des Néo-Zélandais ne fut qu’un murmure recouvert par le brouhaha d’un public attablé depuis les premières heures de l’après-midi, les coudes serrés et les verres remplis de bière et de brandy-cola.

Liesse dans le quartier de Soweto, à Johannesburg, samedi 28 octobre 2023.

Liesse dans le quartier de Soweto, à Johannesburg, samedi 28 octobre 2023.

Au cri guerrier inaudible des All Blacks ont répondu des chants maison à la gloire de leurs dieux du stade. Le nom de Siya Kolisi, le capitaine adulé, est repris sur le thème de Seven Nation Army des White Stripes, la chanson Zombie des Cranberries adaptée au nom de « Rassie » – Johan Erasmus –, le directeur du rugby sud-africain. « Je suis si heureuse, car ils jouent pour le pays, on les aime tellement. C’est une équipe si spéciale », s’émeut Izalda, debout sur une table pour voir le trophée passer de mains en mains sur les images de l’écran géant.

Lire la suite

 

 

 

 

 

Source :  Le Monde

 

 

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page