Au Sénégal, un groupe Facebook pour retrouver les personnes disparues

Fort de 173 000 abonnés, ce réseau créé en 2018 examine des avis de recherche concernant des proches, des personnes décédées non identifiées ou encore des animaux égarés.

 Le Monde – « Ne m’appelez plus à cette heure, je ne suis à la recherche d’aucun proche », répondait Yacine, irritée, à un interlocuteur au numéro inconnu, un soir de février 2022. Au bout du fil, Ibrahima Seck, membre du groupe Facebook « Trouvés ou Perdus », muni d’une photo d’une personne âgée errant dans une rue de Keur Massar, dans la banlieue de Dakar, et d’un précieux renseignement fourni par un internaute. Quelques jours plus tard, la stupeur passée, Yacine retrouvait sa mère, mentalement perturbée, dont elle avait pourtant « fait le deuil » depuis 2017. Sa famille croyait l’avoir perdue à jamais.

Ces retrouvailles n’auraient pas eu lieu si Moustapha Sané n’avait pas égaré sa carte d’identité en 2018. Sans alternative pour la retrouver, il crée une page Facebook pour faciliter l’entraide entre utilisateurs du réseau social. Le groupe privé créé dans la foulée a depuis dépassé sa vocation première. Désormais, les images d’enfants ou de personnes âgées recherchées par leurs proches ou retrouvées par des membres inondent le fil du groupe, qui compte aujourd’hui plus de 100 000 membres actifs et 173 000 abonnés sollicités en cas d’urgence.

La notoriété de ce réseau, désormais incontournable sur la Toile sénégalaise, s’est construite au fil des ans par la fréquence des dénouements heureux des avis de recherche lancés parfois avec des textes empreints de désespoir. Un succès qui se répercute sur le nombre de sollicitations reçues. Les bénévoles s’organisent comme ils peuvent. « On nous envoie des requêtes 24 heures sur 24 », raconte Abdourahmane Dème, l’un des sept administrateurs du groupe. Pour Aicha Rassoul, 28 ans, il n’aura fallu qu’une journée pour retrouver un père « perdu de vue depuis [sa] naissance ».

Les avis de recherche (environ 2 000 en 2023) concernent des proches disparus, des personnes décédées non identifiées, mais aussi des animaux égarés, des moyens de transport volés ou encore des documents d’identité. Chaque requête est minutieusement examinée pour dénicher des pistes, dans la plus grande discrétion pour les situations familiales « compliquées », explique Abdourahmane Dème. Le cercle restreint des administrateurs en arrive parfois à tenir des réunions sur « des cas très sensibles » pour décider de la publication ou non d’un avis de recherche.

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Source : Le Monde

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