Israël organise le siège de la bande de Gaza et masse ses troupes à la frontière

L’armée israélienne a mobilisé ses réservistes et renforce le blocus de l’enclave palestinienne. Dans une ambiance d’union nationale, le premier ministre Benyamin Nétanyahou prépare l’opinion publique à un long affrontement.

Le Monde – Israël est une nation en armes. Quelque 300 000 réservistes répondaient, mardi 10 octobre, à la mobilisation « la plus rapide jamais vue », annoncée la veille par l’armée. Joints par téléphone, des généraux de réserve, d’anciens officiers du commandement sud et de la brigade de Gaza, raccrochaient poliment un à un, confiant qu’ils avaient endossé l’uniforme, qu’ils se trouvaient déjà aux alentours de l’enclave ou qu’ils s’y rendaient, et qu’ils étaient désormais soumis au silence.

Tous rejoignent des forces qui se concentrent au pourtour de Gaza, alors que l’armée a achevé, lundi, d’évacuer les résidents israéliens de cette zone. Elle assure que plus aucun membre du Hamas ne s’y trouve, après trois jours passés à les traquer. Mardi matin, l’armée a affirmé que 1 500 corps de combattants du Hamas avaient été retrouvés côté israélien. Dimanche, un commando était encore parvenu à émerger du nord de l’enclave. A présent, l’armée entend imposer un siège total à Gaza : « Pas d’électricité, pas de nourriture, pas d’essence. Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence », affirme le ministre de la défense, Yoav Galant.

De fait, l’électricité était déjà coupée, et rien n’entre plus dans l’enclave depuis que les commandos palestiniens ont capturé et endommagé les points de passage réguliers, aux premières heures de l’assaut, le 7 octobre. Le bilan de leur attaque ne cesse de s’alourdir : il s’élevait mardi à 900 morts. L’ampleur du carnage, qui sidère Israël, incite M. Galant à ne distinguer qu’à peine, dans son expression, ces « animaux » combattants du Hamas des 2 millions de résidents palestiniens de Gaza. La campagne massive de frappes israéliennes, accélérée depuis dimanche, a fait près de 700 morts.

Civilisation contre barbarie

Le vocabulaire du ministre contribue à préparer l’opinion israélienne aux prochaines phases de la guerre, qui pourraient être longues et dévastatrices. L’armée martèle depuis deux jours le même message : « Le Hamas, c’est l’[organisation] Etat islamique. » M. Nétanyahou a repris cette phrase, lundi. Il dresse une équivalence entre les massacres commis par le mouvement palestinien et ceux perpétrés par les djihadistes qui ont porté la terreur en Europe, de leurs fiefs d’Irak et de Syrie, il y a près d’une décennie.

Ce nouveau conflit à Gaza, M. Nétanyahou en fait une guerre de la civilisation contre la barbarie, « qui changera le Proche-Orient ». « Comme les forces de la civilisation ont défait l’[organisation] Etat islamique, les forces de la civilisation doivent soutenir Israël pour défaire le Hamas », estime-t-il. Il cherche à s’assurer un soutien le plus ferme possible à l’étranger, en dépit de pertes civiles dont l’Etat hébreu reconnaît qu’elles seront disproportionnées et qu’il espère à jamais dissuasives.

Lundi soir, le porte-parole du conseil de la sécurité national américain, John Kirby, a paru donner lui-même une forme de blanc-seing à Israël. Interrogé sur les bombardements et les pertes civiles, il a estimé qu’« Israël a le droit de se défendre  ». « Et c’est ce que vous voyez. Et, d’une certaine manière, ils le font agressivement, vu la taille et l’ampleur de la violence. Nous comprenons d’où cela vient », a-t-il ajouté. Le président Joe Biden a publié un communiqué commun avec Emmanuel Macron et les chefs de gouvernements allemand, italien et britannique, exprimant un soutien déterminé à Israël.

M. Nétanyahou prépare aussi l’opinion aux risques qu’encourent des dizaines d’otages, peut-être plus d’une centaine, que le Hamas détient sous les bombes à Gaza, dont de nombreux étrangers. L’armée n’a pas encore donné de chiffre définitif et pas encore informé toutes les familles. Lundi, M. Nétanyahou n’a pas précisé ce qu’il était prêt à faire pour les libérer.

Déchirements nationaux

Le Hamas, pour sa part, a annoncé la mort de quatre otages sous les bombardements israéliens. Il a aussi menacé, lundi soir, d’exécuter sans plus d’avertissement un captif, à chaque fois qu’Israël frapperait des civils chez eux. A l’agence de presse chinoise Xinhua, l’un des cadres du mouvement a indiqué que le Qatar s’impliquait dans une médiation, pour faire libérer les femmes otages contre des Palestiniennes détenues en Israël. Sur la chaîne qatarie Al-Jazira, un second responsable affirme que le Hamas est prêt à négocier, ayant « atteint tous ses objectifs ».

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(Jérusalem, correspondant)

Source : Le Monde

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