
– A Lens (Pas-de-Calais), le Racing Club ne joue peut-être pas la Ligue des champions souvent mais il est inspiré par les grands soirs européens. Mardi 3 octobre, le vice-champion de France a réussi l’un des plus grands exploits de sa modeste histoire dans la plus relevée des compétitions continentales de clubs. Menés (0-1) par Arsenal – vice-champion d’Angleterre –, les Lensois ont renversé le score pour s’imposer (2-1), grâce à des buts d’Adrien Thomasson et d’Elye Wahi.
« Je ressens beaucoup de fierté de ce que les joueurs ont réalisé. Ce qu’ils ont fait est très, très fort, a salué leur entraîneur, Franck Haise. Battre Arsenal en Ligue des champions, je ne sais pas si c’est le plus grand match de ma carrière d’entraîneur du RC Lens mais ça fera partie des rencontres marquantes de la période que je suis en train de vivre. »
Au coup de sifflet final, après les ultimes et vaines tentatives des Gunners, les écharpes lensoises ont été brandies à l’unisson par un public extatique, qui a longuement communié avec son équipe. Grâce à ce succès, le RC Lens occupe la tête du groupe B, devançant d’un point son rival malheureux et ex-leader. Fervents et taquins, les supporteurs sang et or ont entonné, à l’initiative du speaker du stade Bollaert-Delelis, une ritournelle en anglais : « We are the best, we are the best, we are the best. »
Vingt et un ans après sa deuxième et dernière participation en Ligue des champions, le RC Lens renoue dans l’euphorie avec la plus relevée des compétitions de clubs. En trois campagnes européennes, la troisième en cours, le club du Pas-de-Calais a pourtant accueilli dans son stade des légendes continentales qui ont l’habitude de maltraiter leurs hôtes moins prestigieux. Mais ni Arsenal (deux fois), ni le Bayern Munich, ni l’AC Milan, ni le Deportivo La Corogne – ancienne terreur des années 2000 – n’y ont imposé leur loi.
En sept rencontres à domicile désormais, dont quatre victoires et deux matchs nuls, les footballeurs lensois n’ont perdu qu’à une seule reprise. Une défaite (1-3) contre le Dynamo Kiev, le 9 décembre 1998, qui les avait à l’époque éliminés à un souffle des quarts de finale pour leur première participation.
Un stade à l’atmosphère volcanique
Car à Lens, les grands clubs n’affrontent pas seulement une équipe de footballeurs déterminée et audacieuse, brillamment entraînée par Franck Haise. Lorsque les cadors se déplacent en Artois, ils se coltinent un stade à l’atmosphère volcanique de 38 000 places qui peut loger tous les habitants de la ville – environ 33 000 en 2023 – avec même un peu de rab, non de frites, mais de quelques milliers de personnes supplémentaires. « Le public nous a transcendés mais les joueurs l’ont aussi transcendé, a relevé le coach Haise. Ce n’est pas l’un sans l’autre. C’est une osmose : quand l’un est avec l’autre comme ça, ça fait de belles soirées… »
Mardi, les Gunners ont encore eu le droit à tout le folklore local avec en ligne directrice la même incroyable ferveur : l’hymne français La Marseillaise en avant-match repris à plein poumons, puis l’hymne du club, Les Corons, de Pierre Bachelet, qui file la chair de poule et des chants qui semblent jamais ne devoir cesser. A Bollaert, les quatre tribunes chantent. A Bollaert, tout le monde chante.
Tout cela contribue à faire de Lens l’une des terres les plus hostiles en Europe pour les clubs visiteurs, à rebours de la légendaire hospitalité locale. Un paradoxe qui amuse Romain, un supporteur quarantenaire qui est venu assister aux retrouvailles de son équipe de cœur avec la Ligue des champions : « Les ch’tis sont des gens chaleureux mais notre sens de l’accueil s’arrête aux quatre tribunes de Bollaert. » Arsenal ne peut pas démentir cette bravade.
Cette sorte de magie européenne qui entoure l’enceinte lensoise s’incarne aussi dans une statistique étonnante : depuis un match nul (1-1) face à Arsenal en 1998, les Sang et Or ont marqué à chacune de leurs trente-trois rencontres disputées à la maison dans les différentes Coupes d’Europe.
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