Avec le producteur James BKS, le grand mix musical

Le chanteur a su tardivement qu’il était le fils biologique de Manu Dibango. Cette découverte a transformé sa musique, comme en témoigne son nouvel album, « Wolves of Africa (Part 2/2) ».

Le Monde – Sur la scène du Théâtre de Châtelet à Paris, vendredi 15 septembre, le producteur et chanteur James BKS est sorti de sa réserve. A la fin de son concert, il confie à son public : « La musique africaine est une culture que je me suis réappropriée, que je dénigrais quand j’étais plus jeune. » Ce n’est plus le cas. Dans son nouvel album, Wolves of Africa (Part 2/2), le fils de Manu Dibango fait la synthèse entre ce qu’il a appris de son père, de ses musiciens, des rythmes d’Afrique de l’Ouest et de son amour de jeunesse, le hip-hop.

Sur cet album hybride, il invite aussi bien Angélique Kidjo que le rappeur américain Royce da 5’9”, le guitariste Carlos Santana ou la Sud-Africaine Nomcebo Zikode. Il propose une musique africaine moderne qui ne se dissout pas dans la pop urbaine. Enfant illégitime autrefois caché, Lee-James Edjouma, de son état civil, a transformé son secret de famille en nom d’artiste, BKS pour « Best Kept Secret » (« le secret le mieux gardé »).

Quelques jours plus tard, près de la gare du Nord, le musicien reçoit dans les bureaux de son label. En grosses lettres sur la vitre, les mots « Production Musique Edition » annoncent la couleur et laissent distinguer les disques d’or accrochés aux murs. Son succès, James BKS ne le cache pas. Il ne doit sa réussite qu’à lui-même, et non à son père, emblème de la musique du monde, porte-parole de la francophonie, inventeur de Soul Makossa (1972). Né en 1982, il a été élevé par sa mère à Montreuil (Seine-Saint-Denis), puis par un ami à qui elle l’avait confié le temps de faire des allers-retours entre le Cameroun et la France. Lee-James n’a commencé la musique que tardivement, écoutant beaucoup de rap américain lors de ses entraînements de basket.

A 19 ans, il suit sa mère, coiffeuse et remariée, aux Etats-Unis, dans l’Etat de Virginie. C’est à l’université qu’il va prendre au sérieux la musique, entre ses cours et ses entraînements. Sur le campus, ses amis l’encouragent à composer des beats hip-hop pour les groupes locaux. Une de ses cassettes atterrit au label du rappeur Akon et le voilà parti pour Atlanta : « Dans son écurie, raconte-t-il, j’ai pu rencontrer beaucoup d’auteurs qui m’ont permis de travailler pour des artistes très connus comme Snoop Dogg, Ja Rule, T-Pain… » Lui ne connaît rien de ses racines et compose ses morceaux pour les rappeurs en vogue.

« Je me suis vu en quelqu’un »

Dix ans plus tard, il décide de rentrer en France : « Je ne m’y retrouvais pas forcément en termes de business, reconnaît-il. Il a fallu que je reprenne le contrôle de mes droits d’auteur, que j’arrive à m’éduquer sur l’industrie du disque. » A Paris, il compose surtout des musiques pour les publicités, le cinéma, travaille avec la réalisatrice Audrey Estrougo, notamment pour son film, Une histoire banale, sorti en 2014.

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Source : Le Monde – (Le 22 septembre 2023)

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