
Courrier international – “Le pape François a atterri vendredi à Marseille, ville métissée et cosmopolite, pour une visite de deux jours aux objectifs très clairs : attirer l’attention sur le drame qui se déroule en Méditerranée et secouer les consciences”, observe El País.
À peine arrivé dans la cité phocéenne – où il a été accueilli par la Première ministre Élisabeth Borne –, le pape s’est rendu à la basilique Notre-Dame-de-la-Garde, pour y prier et se recueillir devant le mémorial aux marins et migrants disparus en mer.
C’est là, entouré des représentants d’autres cultes, qu’il a une nouvelle fois dénoncé le sort des migrants en mer Méditerranée, “l’immense cimetière” où “est ensevelie la dignité humaine”. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) estime à plus de 28 000 le nombre de personnes disparues en mer depuis 2014, faisant de la Méditerranée la route migratoire la plus dangereuse au monde.
“Nous ne pouvons pas nous résigner à voir des êtres humains traités comme une monnaie d’échange, emprisonnés et torturés de manière atroce”, a déclaré le souverain pontife. “Nous ne pouvons plus assister aux drames des naufrages provoqués par les trafics odieux et le fanatisme de l’indifférence. Ces personnes qui risquent la noyade lorsqu’elles sont abandonnées en mer doivent être secourues. C’est un devoir d’humanité, c’est un devoir de civilisation”.
En dix ans, “rien n’a changé”
Al-Jazeera souligne que “les conditions désespérées qui poussent de nombreuses personnes à quitter leur foyer pour une nouvelle vie, et les risques qu’elles prennent pour le faire, ont été un thème clé de la décennie passée par François à la tête de l’Église catholique”.
Mais vendredi, “c’était comme si [le pape] voulait revenir à l’essentiel, résumer les fondamentaux pour un monde qui détourne le regard”, analyse Il Corriere della Sera.
Le quotidien milanais rappelle que “dix ans se sont écoulés depuis que François a décidé d’effectuer le premier voyage de son pontificat à Lampedusa”, l’île italienne située à moins de 150 kilomètres des côtes tunisiennes, devenue le symbole de la crise migratoire. Le 8 juillet 2013, il y avait dénoncé “la mondialisation de l’indifférence”. Et depuis, “rien n’a changé”.
De fait, sa visite, “prévue depuis des mois, intervient alors que la question migratoire en Europe fait à nouveau la une des journaux”, remarque Euronews. Lampedusa, une fois encore, “a été submergée la semaine dernière par l’arrivée de près de 7 000 migrants en une seule journée, soit plus que sa population résidente”.
Une vague d’immigration qui a provoqué, au sein de l’Union européenne, “un débat houleux sur la manière de partager la responsabilité des personnes arrivant par bateau depuis l’Afrique du Nord”, les pays membres ne cessant de se renvoyer la balle, ajoute The Guardian.
“Paralysie de la peur”
En mettant en garde les Européens contre la “paralysie de la peur”, le pape argentin “pensait aux dirigeants politiques européens”, assure El País. “Ceux qui agitent la peur de l’étranger. Ceux qui, comme le gouvernement italien, entravent le repêchage des bateaux à la dérive”.
Mais il visait aussi ceux qui se présentent comme “modérés et pragmatiques” et qui veulent, “à l’instar du Français Emmanuel Macron, combiner ‘humanité’ et ‘fermeté’ en matière de politique migratoire”, poursuit le quotidien madrilène – la France a martelé cette semaine qu’elle n’accueillerait aucun réfugié de Lampedusa.
Le New York Times a parlé à François Thomas, le président de l’ONG SOS Méditerranée, qui juge la visite du pape François “importante, car il est l’un des rares dirigeants dans le monde à défendre sans équivoque les migrants”.
Source : Courrier international
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