Mauritanie : la page du passif humanitaire est loin d’être tournée et pas réglée par Ould Ghazouani

La session du comité des Nations-Unies sur les disparitions forcées à laquelle le président de la CNDH vient de représenter à Genève pour la première fois le gouvernement mauritanien confirme que la page du passif humanitaire est loin d’être tournée mais en même temps ne peut être réglée par Ould Ghazouani.

Le temps de la justice n’est pas le temps des organisations internationales de défense des droits de l’homme encore moins les tribunaux belges et français qui ne facilitent pas encore les plaintes des veuves et orphelins contre l’ancien président Ould Taya accusé du génocide des Noirs en 1989 et de graves exactions contre les dirigeants du premier mouvement de libération africaine de Mauritanie en 1986. Le rendez-vous de Genève qui a permis aux veuves et orphelins des 28 soldats négro-africains assassinés en 1991 à la base militaire d’Inal d’interpeller en même temps le président Ould Ghazouani pour relancer le règlement du passif humanitaire interrompu par son prédécesseur.

Ces témoignages ne seront pas entendus par un ancien général en civil qui dirige le pays depuis 2019. Et toutes ses tentatives d’ouvrir ce dossier épineux et très sensible de la cohabitation, se sont soldées par des échecs. La dernière main tendue en date était confiée à l’ancien ministre des Finances Ousmane Kane qui s’est heurté à l’intransigeance des représentants des organisations nationales et de la diaspora des victimes du passif humanitaire et notamment à des divergences sur la solution de justice transactionnelle conformément à la charia et qui exclut donc des plaintes des victimes qui devront accepter la compensation financière.

Le passif humanitaire divise également l’opposition. Et le dialogue politique de 2022 s’est terminé en queue de poisson avec une interruption unilatérale du pouvoir.

Le temps de la justice est encore long surtout dans un pays où ce sont des officiers supérieurs comme le général à la retraite et président actuel de l’Assemblée nationale Ould Menguett qui est présumé tortionnaire durant les années de braise de 1986 à 1991 ainsi que d’autres et des sous-officiers. Aucun n’est inquiété par la justice parce que blanchis par la loi d’amnistie de 1993. Ce lourd contentieux qui accuse les militaires ne peut être résolu par des militaires. Et les observateurs comprennent mieux les difficultés d’alternance démocratique en Mauritanie.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya.com le 16 septembre 2023)

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