Art contemporain : Amadou Sanogo raconte l’invisible à Paris

L’artiste malien présente ses dernières toiles lors de l’exposition « Yebali Lakali » à la galerie Magnin-A, dans le XIe arrondissement, jusqu’au 7 octobre.

Le Monde  – Des silhouettes – parfois les siennes – presque tranquilles, des couleurs souvent douces, des fonds toujours monochromes, et souvent une fleur qui semble un peu perdue ou des dizaines qui foisonnent… Les œuvres que présente Amadou Sanogo à la galerie parisienne Magnin-A ne peuvent laisser le visiteur indifférent. Elles ressemblent bien sûr à son créateur, né au Mali, qui, lorsqu’on le rencontre, semble réservé voire détaché, mais dont le regard capte bien ce qui l’entoure.

D’ailleurs, l’exposition ne s’intitule-t-elle pas « Yebali Lakali », ce qui signifie « Raconter l’invisible » en bambara (bamana), l’une des langues nationales maliennes ? Comme le souligne Simon Njami, écrivain, essayiste, commissaire d’exposition et critique d’art camerounais, et qui a connu l’artiste alors qu’il n’était qu’étudiant, « l’art pour [Amadou Sanogo] était une chose simple. Un moyen d’expression qui permettait de dire au monde qui on était et pourquoi l’on faisait ce que l’on faisait. Le travail, loin de tout discours convenu, comme seul élément tangible de reconnaissance. Il ne s’est jamais dit malien parce qu’il savait l’être. Il ne s’est jamais proclamé contemporain, il l’a toujours été. Et entre tous les leurres agités par des définitions ronflantes et creuses, il s’est toujours dit peintre sans autre fioriture ».

 

« Une indéniable force, une présence »

 

Amadou Sanogo est né en 1977 à Ségou, à quelque 235 kilomètres au nord-est de Bamako. Ses ancêtres, nobles et paysans, sont des Sénoufo, un peuple installé entre le sud du Mali, le Burkina Faso et le nord de la Côte d’Ivoire. Ils ont fondé la localité de Zangorola dans la région de Sikasso, dans le sud du Mali, qui appartenait au royaume du Kénédougou. Leurs rois Tiéba et Babemba Traoré sont connus et respectés pour avoir été parmi les derniers opposants à l’armée coloniale française à la fin du XIXsiècle. Le quadragénaire est l’héritier de cette terre de résistance.

Malgré le souhait ardent de ses parents pour qu’il commence des études d’ingénieur, Amadou Sanogo est très jeune passionné par le bogolan, tissu emblématique du Mali, cotonnade filée et tissée affichant toute une symbolique de signes propres à chaque village, chaque communauté ou chaque artiste. Contre l’avis de sa famille, il décide de passer le concours d’entrée de l’Institut national des arts (INA) à Bamako, après avoir reçu in fine la bénédiction de son père, même si, lui dit-il, « un noble ne doit pas se permettre des activités de griots ». Nous sommes en 1997.

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« Yebali Lakali », d’Amadou Sanogo, à la galerie Magnin-A, 118 boulevard Richard-Lenoir, 75011 Paris. Jusqu’au 7 octobre 2023.

 

 

 

 

Source : Le Monde 

 

 

 

 

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