La vie est absurde mais elle n’est pas dénuée de sens

C'est bien parce que la vie n'a aucun sens qu'elle vaut la peine d'être vécue.

Slate – Dire de la vie qu’elle est absurde relève de l’évidence. Nés de la rencontre fortuite entre un spermatozoïde et un ovule, évoluant dans un monde dont nous ignorons tout, sa naissance comme sa raison d’être, le quittant sans avoir rien appris qui puisse nous éclairer sur ses innombrables mystères, nous vivons comme des somnambules en proie à des terreurs nocturnes.

L’insondable étrangeté du monde, l’infini de l’univers, l’absence de toute raison logique à notre présence sur Terre, l’impitoyable destin de finir un jour ou l’autre poussière parmi la poussière, tous ces cris que nous poussons et qui demeurent sans réponse, le silence d’un Dieu qui nous apparaît la plupart du temps comme une impossibilité métaphysique, sont autant de raisons qui rendent nos vies chaotiques au possible.

Vivre serait comme de participer à une épreuve dont non seulement nous ignorerions les règles mais aussi la finalité, compétition à laquelle nous aurions été inscrits de force et à laquelle, par défaut, nous nous adonnerions sans jamais abandonner nos terreurs primitives, fruits des circonstances équivoques de notre naissance et de notre mort.

Bref, à moins d’adhérer corps et âme à un système qui verrait en Dieu la réponse à toutes nos interrogations, à croire au-delà de la raison, il nous faut admettre que la vie est une chose bien étrange à laquelle, si nous nous donnons la peine d’y réfléchir, nous ne comprenons pas grand-chose.

Mais de dire que la vie n’a aucun sens en soi n’a pas non plus beaucoup…de sens. Si elle n’avait vraiment aucune signification, si du jour de notre naissance à celui de notre mort, nous errions sur la Terre, étrangers à tout ce qui nous entoure, si à chaque seconde de notre existence, notre esprit nous rappelait l’irréductible absurdité de la condition humaine et les souffrances qui vont avec, nous serions nombreux à en finir au plus vite avec cette sinistre plaisanterie.

Pourtant, nous n’en faisons rien. Quel que soit notre degré de lucidité, l’étendue de nos savoirs, la profondeur de nos réflexions, pour la plupart d’entre-nous, quoique dupes de rien, relevons le défi de vivre. Mieux, nous nous entendons pour que cette vie-ci, cette vie pleine de bruit et de fureur, de malentendus et d’aveuglements, de déchirements et de doutes, ne finisse jamais.

Certes nous tenons à la vie parce que, a priori, l’idée de la mort ne nous enchante guère, mais aussi, mais surtout, par l’extraordinaire intérêt qu’elle possède, un intérêt d’autant plus grand que par essence, son sens premier nous échappe. C’est précisément la recherche effrénée de ce sens qui donne à la vie ce relief si particulier, son ardeur, son intensité et finalement, sa beauté.

Tout ce qui fait la grandeur de la condition humaine procède de cet état de confusion. Par tous les moyens, nous cherchons à percer des mystères dont nous savons qu’ils continueront toujours à nous échapper, situation qui, au lieu de nous rebuter ou de nous décourager, nous amène toujours à repousser nos limites. Les sciences ou les arts, que sont-ils si ce n’est des tentatives d’éclaircir ce qui ne peut l’être, notre monde comme notre âme? Même la recherche de Dieu, dans son impossibilité à être satisfaite, constitue un puissant moteur capable d’illuminer nos existences.

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Source : Slate (France)

 

 

 

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