En Iran et en Arabie saoudite, le football à l’heure de la détente diplomatique

Depuis la rupture en 2016 des relations entre les deux poids lourds du Moyen-Orient, les clubs de football des deux pays ne pouvaient plus se rencontrer à domicile. Un récent accord va renouer le dialogue.

Le Monde – Cristiano Ronaldo, Neymar Jr et Karim Benzema fouleront-ils le gazon des stades de Téhéran et d’Ispahan à l’automne ? Encore inimaginable il y a quelques mois, l’idée n’est plus totalement incongrue pour les fans de ballon iraniens, peu habitués à voir défiler les stars du football dans leur pays, placé sous sanctions internationales et accusé de pratiquer une diplomatie des otages avec les pays occidentaux.

Cette éventualité est l’un des aspects les plus inattendus de l’accord de détente, signé en mars 2023 entre l’Arabie saoudite et l’Iran, combinée à une OPA inédite, cette saison, des clubs de la Saudi Pro League sur le mercato estival des joueurs internationaux.

Le 4 septembre, Riyad et Téhéran sont parvenus à un accord pour la reprise des matchs aller-retour entre leurs clubs et leurs équipes nationales, a annoncé la Confédération asiatique de football (AFC). « Les supporteurs d’Arabie saoudite, de la République islamique d’Iran et de toute l’Asie peuvent désormais s’attendre à un nouveau chapitre passionnant dans le football des clubs et des équipes nationales alors que les équipes de [la Fédération saoudienne de football] et [de la Fédération islamique de football d’Iran] vont concourir dans un esprit de compétition et de camaraderie », a déclaré l’AFC dans un communiqué.

 

Attirer des stars internationales du ballon rond

 

Pendant les sept années de conflit ouvert entre les deux pays, à la suite de la rupture de leurs relations diplomatiques en 2016, les clubs des deux fédérations se sont affrontés en terrain neutre − Dubaï ou Doha − en raison de l’interdiction faite aux ressortissants saoudiens de voyager en Iran. Cette interdiction désormais levée, les matchs de la Ligue asiatique des champions entre les clubs des deux pays vont pouvoir se jouer de nouveau à domicile, pour la première fois depuis 2015.

Et, conséquence des ambitions débridées du royaume saoudien de se positionner en nouvelle puissance du football mondial, avec la perspective d’être le pays organisateur de la Coupe du monde 2034, une enveloppe exorbitante de plus d’un milliard de pétrodollars a été dépensée cette saison pour attirer une quinzaine de stars internationales du ballon rond.

Le premier match de Ligue asiatique des champions du club Al-Hilal de Riyad, déjà quatre fois champion de la compétition avant l’arrivée de son attaquant phare Cristiano Ronaldo en janvier 2023, est prévu le 19 septembre contre le club Persépolis de Téhéran, finaliste de l’édition 2018. L’autre club de la capitale saoudienne, Al-Hilal, qui a signé cet été le Brésilien Neymar Jr, doit affronter à Téhéran le club Nassaji Mazandaran, le 3 octobre. Le club de Djedda Al-Ittihad, déjà deux fois champion de la Ligue asiatique, est attendu à Ispahan, le 2 octobre, pour affronter le club Sepahan avec, peut-être, son attaquant star Karim Benzema. La venue de ces stars est aussi très attendue dans les autres pays participant à la compétition, comme l’Irak ou le Tadjikistan.

 

Un formidable outil de soft power

 

Le rapprochement sur le gazon entre l’Arabie saoudite et l’Iran promet d’être la vitrine la plus cathodique de la normalisation à petits pas amorcée entre les deux poids lourds du Moyen-Orient. Les premiers gestes de bonne volonté effectués par les deux pays étaient, jusqu’à présent, surtout liés au dossier religieux, comme la facilitation des pèlerinages pour les fidèles iraniens à La Mecque ou la réouverture de cimetières chiites dans le royaume saoudien.

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(Beyrouth, correspondante)

 

 

 

Source : Le Monde

 

 

 

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