Les petits pays, nouveaux pivots de l’équilibre mondial

[TRIBUNE] - Nous assistons à une mutation des dynamiques d'influence en matière de géopolitique : le temps des grandes puissances médiatrices s'achève, et les petits pays se révèlent déterminants.

Slate – Dans un monde qui tourne de plus en plus vite, la géopolitique change vite, tout comme ses paradigmes. Alors que certains pressentaient la fin de l’État face à la montée exponentielle du nombre d’acteurs non étatiques depuis plusieurs décennies, on pensait que le multilatéralisme resterait l’outil majoritaire de résolution ou de prévention des conflits. Il semble que ce soit de moins en moins le cas, et les grandes organisations internationales ont perdu en crédit comme en action dans la gestion des relations internationales.

On assiste depuis quelques années, en dehors de quelconque mandat des Nations unies, au retour des États, à une montée des puissances régionales et au déclin des grandes puissances traditionnellement médiatrices de conflits.

D’un côté, de nouveaux pays comme la Chine semblent résoudre la crise profonde qui divise depuis longtemps l’Arabie saoudite et l’Iran, et de l’autre, des petits pays comme le Qatar ou Oman jouent un rôle de plus en plus important dans la gestion de crises politiques et de catastrophes humanitaires.

D’autres pays encore, comme la Turquie ou Israël, entre Russes et Ukrainiens (en vain), la Norvège en son temps entre Israéliens et Palestiniens, et Singapour en Asie, s’y essayent. Ce paradigme nouveau opposant nouvelles grandes puissances et petits pays émergents en matière de diplomatie est à prendre de plus en plus en compte dans un système concurrentiel et le contexte de montée globale des conflits.

Depuis longtemps, les petits États se servent de la médiation et de la négociation dans la gestion des conflits comme d’un outil de légitimation, de reconnaissance, de respectabilité, et de souveraineté. C’est aussi un moyen de se protéger.

Ainsi du Qatar, qui monte de plus en plus dans ce rôle, de la corne de l’Afrique à l’Afghanistan en passant par le Soudan, l’Iran, le Yémen, ou la Libye. Sa proximité avec de nombreux pays arabes et les États-Unis, où il dispose de la plus grande base militaire hors territoire national, facilite la discussion.

Dans ce contexte, le Premier ministre du Qatar Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani rencontrait le 24 août 2023 son homologue de Singapour Lee Hsien Loong. Il déclarait alors:

«Nous assistons à l’émergence de multiples centres d’influence, chacun avec ses propres atouts politiques, économiques et technologiques. La rivalité persistante entre les États-Unis et la Chine est une préoccupation pour le Qatar, tout comme pour de nombreux pays dans le monde. En tant que petit État au sein d’un voisinage turbulent, le Qatar estime que trois domaines principaux sont essentiels au maintien de la sécurité et de la stabilité internationales: la construction d’alliances et le multilatéralisme, la facilitation de la paix, et les investissements pour soutenir la croissance économique.»

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Sébastien Boussois

 

 

Source : Slate (France)

 

 

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Deux siècles de Grand Jeu géopolitique pour les grandes puissances

 

 

 

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