Françafrique : le discours de l’Élysée sur le Sahel dans le collimateur des observateurs

Les observateurs reviennent cette fin de semaine sur le discours du président français devant les ambassadeurs accrédités à Paris sur le Sahel qui est largement ressenti en particulier en Afrique de l’Ouest.

Hier le Mali. Aujourd’hui le Niger. Le bras de fer entre les putschistes et l’Elysée est en filigrane dans le discours d’Emmanuel Macron devant les ambassadeurs à Paris le 28 août dernier. Avec toujours un ton paternaliste, le président français déclare que sans l’opération Barkhane, le Mali, le Burkina et le Niger n’existeraient plus dans leurs limites territoriales. Une affirmation manifeste qui relève d’une courte mémoire d’un jeune président français qui n’est pas sans savoir que sans le débarquement de Normandie en 1944 des soldats américains la France ne serait pas aujourd’hui ce qu’elle est avec l’Alsace et La Lorraine. Et encore sans les tirailleurs sénégalais, la France sortirait difficilement de cette guerre contre l’Allemagne. Il est certainement intéressant de rappeler qu’en 1940 la France avait perdu presque la totalité de son territoire. Macron vient d’être rattrapé par l’histoire.

La libération de la France par les alliés et les africains semble être oubliée par l’Elysée qui ne peut pas donner des leçons aux putschistes maliens, burkinabés et nigériens. Le deuxième axe important du discours est relatif sur la crise nigérienne avec une posture de néo-colon sur le maintien de l’ambassadeur français à Niamey sommé de quitter le pays. C’est un exercice de pression d’un Etat fort à un Etat souverain mais faible. L’argument de non-légitimité de la junte militaire est vite balayé par les contradictions qui animent le président français lorsqu’il s’agit des intérêts supérieurs de la France.

L’Elysée devrait prouver en quoi le remplacement d’Idriss Déby par son fils Mahamat Idriss Déby n’est pas un coup d’Etat. Cette intronisation est passée comme une lettre à la poste. Pareil, le troisième mandat du président ivoirien Alassane Ouattara lequel a tripatouillé la constitution pour rester au pouvoir. La liste est longue pour justifier la continuité de la Françafrique.avec des dirigeants non élus ou installés par les armes. Le ton martial est d’une autre époque. Macron n’a pas encore compris qu’il a perdu toute influence au Sahel.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya.com le 03 septembre 2023)

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