Nouakchott a soif

Afrimag  – Depuis près d’un mois, Nouakchott, la capitale mauritanienne a soif.  Certes, le phénomène est récurrent, partagé même avec certaines capitales africaines qui font face à une démographie galopante, mais jamais cette ville n’a connu une crise de l’eau si longue et si générale.

Les zones résidentielles de Tevragh-Zeina, Ain Talh, Soukouk, Cité Plage et Ksar «Haut» sont logées à la même enseigne que les quartiers pauvres (Riadh, Arafat, El Mina, Sebkha, Dar Naim). L’eau potable est rare partout, et les vendeurs se frottent les mains. Les citernes pour les riches et les charrettes, souvent conduites par de jeunes Maliens, pour les pauvres. Elles coûtent dix fois plus que le prix habituel.

Exacerbé par une telle crise et se sentant obligé de réagir vite, le président Ghazouani a limogé le directeur général de la Société nationale d’eau (SNDE), Mohamed Mahmoud Ould Javaar, remplacé par Hamza Thiam, jusque-là à la tête de la SAFA, une filiale de la SNIM (Société nationale, industrielle et minière).

Hamza Thiam, nouveau directeur de la SNDE, pour redresser la barre

Exacerbé par une telle crise et se sentant obligé de réagir vite, le président Ghazouani a limogé le directeur général de la Société nationale d’eau (SNDE), Mohamed Mahmoud Ould Javaar, remplacé par Hamza Thiam, jusque-là à la tête de la SAFA, une filiale de la SNIM (Société nationale, industrielle et minière). Le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement a dû son salut au fait, sans doute, qu’il vient d’être nommé, à la suite des élections municipales, législatives et régionales de juin 2023.

Alimentée depuis l’indépendance par la station d’Idini, 55 kilomètres à l’est, sur la Route de l’Espoir, Nouakchott bénéficie, depuis 2009, d’un approvisionnement à partir du fleuve Sénégal dit «Aftout-Essahili, à partir d’un canal long également de 50 km. C’est l’un des projets phares dont s’enorgueillissait l’ancien président Aziz bien que les travaux de cette infrastructure aient été entamés du temps de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi et que l’idée même soit un «héritage» du président Taya.

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Une crise de l’eau d’ampleur mondiale

Le problème d’approvisionnement en eau potable fait souvent l’objet d’alertes de la part de la Banque mondiale, à travers ses publications spécialisées. Dans l’un de ces articles, la Banque rappelle que la crise de l’eau se vit sous forme d’excès ou manque ou encore de pollution indiquant que cette triple menace, exacerbée par le changement climatique, «prive des milliards de personnes d’un accès fiable à l’eau potable et à l’assainissement. Elle met en péril les économies, attise les migrations et déclenche des conflits. Il faut agir à l’échelle mondiale pour instaurer une sécurité hydrique qui va de pair avec une croissance verte, résiliente et inclusive, et pour s’attaquer à l’interdépendance des enjeux liés à l’eau, au climat et aux conflits.»

Malgré les progrès accomplis, nous sommes en retard dans la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) liés à l’eau, ce qui a un effet direct sur le développement en général. Les tendances actuelles indiquent que, d’ici 2030, environ 1,6 milliard de personnes n’auront toujours pas accès à une eau potable gérée en toute sécurité, 2,8 milliards ne disposeront pas d’installations sanitaires sûres et 1,9 milliard seront encore privées d’équipements pour l’hygiène des mains.

Une meilleure gestion de l’eau passe par les quatre « i » : investissement, innovation, information et institutions. Pour pouvoir satisfaire la demande, le secteur de l’eau a besoin d’une augmentation massive des investissements publics et privés. L’innovation, quant à elle, peut permettre d’accroître l’efficacité, de faire baisser les coûts et de réduire les déchets. L’information, c’est-à-dire le partage des données et des connaissances disponibles dans le monde, aide les gouvernements à améliorer la sécurité hydrique et l’assainissement, tout en favorisant les partenariats et les investissements ciblés. La réforme des institutions, enfin, permet de créer un cadre plus propice à l’investissement, d’améliorer l’efficacité et de stimuler la croissance économique et la création d’emplois.

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Mohamed Sneïba

Correspondant permanent – Nouakchott

Source :  Afrimag – (Le 31 août 2023)

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