En Arabie saoudite, la peine de mort pour une poignée de tweets

Le verdict prononcé à l’encontre d’un retraité qui avait critiqué les violations des droits humains sur les réseaux sociaux témoigne du niveau de répression « terrifiant » atteint dans le royaume, selon Human Rights Watch.

Le Monde – Sur l’échelle des châtiments ubuesques dont l’Arabie saoudite du prince héritier Mohammed Ben Salman a fait sa spécialité, c’est un nouveau record. Au mois de juillet, un enseignant à la retraite de 54 ans, nommé Mohammed Al-Ghamdi, a été condamné à la peine capitale pour de simples messages dénonçant les violations des droits humains dans le royaume.

Ce verdict d’une sévérité caricaturale a été révélé ces derniers jours par l’ONG Al-Qst, spécialisée dans la défense des prisonniers d’opinion saoudiens, ainsi que par l’organisation des droits humains Human Rights Watch (HRW).

Jusqu’ici, la sanction la plus surréaliste infligée par le système judiciaire saoudien était la condamnation, en août 2022, d’une professeure de littérature, Noura Al-Qahtani, à quarante-cinq années de prison, pour avoir critiqué le gouvernement sur les réseaux sociaux et affirmé son soutien aux prisonniers de conscience saoudiens. Pour un « forfait » à peu près similaire, Salma Al-Shehab, une étudiante en médecine, s’était vu infliger, quelques semaines plus tôt, une peine de trente-quatre années d’incarcération, réduite ultérieurement à vingt-sept ans.

Absolutisme quasi moyenâgeux

« Le fait qu’un tribunal puisse prononcer la peine de mort pour rien de plus que des tweets pacifiques atteste que la répression en Arabie saoudite a atteint un nouveau stade terrifiant, s’alarme Joey Shea, chercheuse à HRW. Les autorités saoudiennes ont porté leur campagne visant à étouffer toute forme de contestation à un niveau ahurissant. »

Comme l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en 2018, ce verdict porte à son paroxysme les contradictions inhérentes au programme de Mohammed Ben Salman. Celui que l’on surnomme « MBS » entend tout à la fois ouvrir le royaume d’un point de vue des mœurs, en octroyant par exemple le droit de conduire aux femmes et en développant le tourisme, et le refermer d’un point de vue politique, en imposant un absolutisme quasi moyenâgeux.

Le jugement contre Mohammed Al-Ghamdi a été rendu le 10 juillet par la cour criminelle spécialisée de Riyad, chargée des dossiers labellisés « terrorisme ». Cet habitant de La Mecque, inconnu jusque-là dans les milieux d’opposition, a été reconnu coupable d’« atteinte au statut du roi et du prince héritier » et de « soutien à une idéologie terroriste » sur la base de son activité sur X (anciennement Twitter) et YouTube. Deux plates-formes où il relayait les propos de dissidents.

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Source : Le Monde  – (Le 30 août 2023)

 

 

 

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