La distribution gratuite cette fin de semaine aux populations à Nouakchott, est considérée par les observateurs comme un colmatage du ministre de l’Hydraulique au véritable problème structurel de l’approvisionnement en eau potable de la capitale.
C’est d’abord un affichage médiatique du ministre de l’Hydraulique abonné à une méthode pour des solutions faciles. Si les problèmes récurrents de manque d’eau n’ont pas été résolus après quatre années de gouvernance de Ould Ghazouani ce n’est pas en une année qu’il le sera. La couverture en eau d’une capitale qui compte près de 800000 habitants avec des périphéries surpeuplées et sans infrastructures routières, éducatives et sanitaires C’est un secteur exigent du captage d’eau brute aux robinets du point de vue hygiénique en particulier.
Il s’agit donc d’un enjeu de santé publique de la source d’eau au consommateur tout doit respecter les normes. C’est également un processus qui nécessite des investissements du privé parce que l’Etat ne peut pas tout faire. Après 63 ans d’indépendance le privé mauritanien semble avoir compris l’enjeu financier. Le patronat mauritanien vient de gagner le marché public sur l’électrification rurale.
A Nouakchott le faible raccordement des ménages au réseau d’adduction d’eau, ne date pas d’aujourd’hui. Son extension par les Chinois pour une production journalière de 220000 mètres cube à l’horizon 2030 constitue un espoir pour les populations pour ne plus vivre ces épisodes de distributions gratuites de citernes d’eau. Ce procédé d’ailleurs est utilisé constamment par les riches des quartiers huppés pour remplir leurs citernes ou bassins évitant ainsi les pénuries d’eau fréquentes.
Cette gesticulation du nouveau ministre de l’Hydraulique est révélatrice d’une fuite en avant du gouvernement face au problème structurel de l’approvisionnement en eau potable de Nouakchott. Les Mauritaniens se souviennent encore que leur président eût procédé au lancement en 2019 à la réhabilitation et l’extension du réseau de distribution d’eau de la capitale ou le projet Aftout Essahili à partir du fleuve Sénégal. Deux ans après avec la mise en place de la première phase du projet, la capitale fait face toujours à des problèmes récurrents de pénurie d’eau.
Les robinets sont secs et les populations ont toujours soif. L’extension du réseau dans les quartiers Sud et Sud-Ouest s’est avéré moins efficace et la couverture universelle en eau potable de Nouakchott un simple vœu pieux du gouvernement de Ould Bilal. Et même ce projet arrivé à terme ne couvrirait que 68 pour cent des ménages. Le reste à la merci du business des charretiers.
Au-delà de l’extension du réseau la Mauritanie a les moyens de dessaler l’eau de mer à Nouakchott et à Nouadhibou, les deux plus grandes villes face à l’océan Atlantique grâce à ses richesses naturelles surtout dans la perspective du pétrole et du gaz à gogo dès 2024 avec le projet pétro-gazier Grand Tortue Ahmeyin qu’il partage avec le Sénégal.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya.com le 14 août 2023)
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