Niger : Et demain ? Par Tijane BAL

Que nous prépare-t-on ? Un tourbillon d’incertitudes peut-être ! Ni plus ni moins. En un tournemain, les responsables militaires «de» la Cedeao ont tracé les «contours» d’une (possible) intervention militaire au Niger. L’opération envisagée pourrait receler des risques à court ou moyen terme.

Le 1er est que, contrairement au récit, il ne s’agirait pas réellement d’une intervention « de » la Cedeao mais d’une partie seulement de celle-ci. Peut-être contre une autre. Les autorités burkinabé, guinéenne et malienne, issues de putschs, ont annoncé la couleur. Elles se tiendront aux côtés de l’armée nigérienne. Du moins de sa composante loyale aux putschistes.

Au passage, les jihadistes doivent se frotter les mains. Comme dirait Trump stand back and stand by. Ainsi, ceux qui n’ont jamais su s’entendre pour leur livrer la guerre se sont entendus pour se la livrer les uns contre les autres.

Le 2è risque est qu’une intervention militaire n’est jamais une promenade de santé. Des armées plus aguerries l’ont expérimenté à leurs dépens.

Le 3è risque est un risque de dérive vers une guerre civile et une guerre tout court. Pour être africaines, les armées appelées à intervenir n’en sont pas moins étrangères.

Le 4è risque est que ces armées seront perçues comme les agents supplétifs de forces autrement plus puissantes. Les réactions des USA et, plus encore de la France, au coup d’Etat ne feront qu’armer ce soupçon. S’y ajoute, s’agissant de la France, le poids de l’histoire.

Le 5è risque tient au fait que les coups de force ne semblent pas la réponse appropriée aux coups d’Etat. Cela se saurait!

Le 6è risque réside dans le «2 poids 2 mesures». A cet égard, l’argumentation de Mme Tall, ministre des affaires étrangères du Sénégal, dont le pays sera de l’aventure, est pour le moins courte. «C’est le coup de trop» assène-t-elle. Qu’est-ce à dire? Que les précédents et leurs «victimes» comptaient moins ? Mme Tall enfonce le clou en ajoutant : «Nous avons négocié des transitions au Mali, en Guinée…et au Burkina». Avec qui donc ? a-t-on envie de lui rétorquer.

Avec qui si ce n’est avec des putschistes ? Ceux-ci valent-ils mieux que ceux-là ? Si le rejet des coups d’Etat est une position de principe, légitime au demeurant, celle-ci a vocation à s’appliquer partout quitte à aménager les modalités de cette application.

A défaut, l’on se trouve face à une de ces hypocrisies dont la diplomatie est coutumière. Ce que les Etats-Unis illustrent fort bien qui, par principe, ne traitent pas avec les autorités issues de coups d’Etat mais qui ont frayé (Pinochet) et frayent encore (al Sissi) avec des putschistes. Il en va différemment du tout nouveau président nigérian Tinubu dont l’hostilité envers les coups trouve racine dans l’histoire politique mouvementée de son pays.

Mais rien n’est simple. Tinubu est le successeur et, dans une certaine mesure, le dauphin d’un ancien putschiste : Buhari. Oui, rien n’est simple, le président Eyadéma, figure importante de la Cedeao, tient son pouvoir de son père, un pionnier des coups d’Etat militaires en Afrique subsaharienne.

Mais inquiétons-nous plutôt pour l’avenir. De quoi sera fait demain ? En l’espèce, au sens propre puisque demain, dimanche, est la date fatidique imposée aux tombeurs de Bazoum pour lui «rendre» le pouvoir. Madame Catherine Colonna vient, sur un ton docte et « arrogant comme un Français en Afrique», de le rappeler.

Un dernier mot : le Niger n’est pas la Gambie !

Tijane BAL pour Kassataya.com

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