“J’écris à titre d’otage” : le président du Niger s’exprime dans “The Washington Post”

Courrier international – C’est la première prise de parole de Mohamed Bazoum depuis le coup d’État qui l’a évincé du pouvoir, le 26 juillet. Dans une tribune publiée par le quotidien américain, jeudi 3 août au soir, il se décrit comme otage des putschistes et appelle au soutien de la communauté internationale

“J’écris ceci à titre d’otage. Le Niger est attaqué par une junte militaire qui s’efforce de renverser notre démocratie, et je ne suis que l’un des citoyens qui, par centaines, ont été emprisonnés arbitrairement et illégalement. Ce coup d’État, lancé contre mon gouvernement par une faction de l’armée le 26 juillet, n’a pas la moindre raison d’être. S’il aboutit, les conséquences seront dévastatrices pour notre pays, notre région, et le monde entier.”

Dans la soirée du jeudi 3 août, The Washington Post a publié une tribune rédigée par le président nigérien, Mohamed Bazoum, toujours retenu avec sa famille dans la résidence présidentielle. Il s’agit de sa première prise de parole depuis son renversement, le 26 juillet, par des militaires putschistes menés par le général Abdourahamane Tchiani.

Le quotidien américain ne précise pas comment il a obtenu ce texte, alors que la formation politique de Mohamed Bazoum, le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), a annoncé que l’électricité avait été volontairement coupée dans sa résidence. Vendredi 4 août, le site nigérien L’Événement a mis en ligne sa propre traduction en français de la tribune.

Dans sa déclaration, le président nigérien, âgé de 63 ans, s’évertue à rappeler qu’il a été élu démocratiquement en 2021 pour succéder à Mahamadou Issoufou et que la communauté internationale a condamné le coup d’État qui l’a renversé. “Les États-Unis, l’Union africaine, l’Union européenne et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont envoyé un message on ne peut plus clair : ce putsch doit cesser, et la junte doit libérer tous les individus arrêtés illégalement.”

Ces mots sonnent comme un appel aux nations étrangères à lui renouveler leur soutien. “En ces heures difficiles, j’appelle le gouvernement des États-Unis et l’ensemble de la communauté internationale à nous aider à restaurer l’ordre constitutionnel.” Plus tôt, jeudi, le président américain, Joe Biden, avait appelé à la libération de son homologue nigérien et à la “restauration de la démocratie”, précise le Washington Post dans un autre article.

Arguments fallacieux

 

Surtout, Mohamed Bazoum défend son bilan à la tête du pays en matière économique et sécuritaire. “La situation du Niger en matière de sécurité est nettement meilleure que celle de nos voisins malien et burkinabè, dont les dirigeants, eux-mêmes installés par des putschs, soutiennent ce coup d’État illégal.” Il souligne ainsi les bienfaits de la coopération stratégique avec ses partenaires occidentaux ainsi que l’aide au développement dont bénéficie le pays.

Dans ce contexte, il dénonce des arguments fallacieux de la junte pour justifier son coup de force : le gouvernement en place n’a pas failli à ses obligations face à la menace des djihadistes, et les alliances nouées avec ses partenaires n’étaient pas déséquilibrées, soutient-il. Mohamed Bazoum suggère que, sous la coupe des militaires, le Niger pourrait choisir de recourir aux mercenaires “criminels” du groupe russe Wagner, sur le modèle de ses voisins du Mali et du Burkina Faso.

Le Niger était jusqu’ici un allié majeur des États-Unis et des Européens au Sahel. Le pays s’est imposé comme la base arrière du contre-terrorisme : 1 100 à 1 500 militaires français y stationnent de même que 1 100 militaires américains, qui ont installé une base de drones. Ce même jeudi 3 août, la télévision publique nigérienne a relayé un communiqué des militaires dénonçant les accords de coopération militaire passés avec la France.

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Source : Courrier international

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