Courrier international – Dans les camps de déplacés du nord de la Syrie, des filles parfois âgées de moins de 14 ans sont contraintes de suivre des traitements hormonaux vendus sans ordonnance pour déclencher leur cycle menstruel de manière précoce. Ces prises d’hormones périlleuses sont souvent imposées par des pères pressés de marier leurs filles, raconte “Daraj”.
“Quand j’ai eu 14 ans, mon père m’a forcée à prendre des médicaments”, témoigne Samar, aujourd’hui âgée de 16 ans, qui vit dans le camp de réfugiés de Salkin, dans le nord-ouest de la Syrie. Il s’agissait de traitements hormonaux destinés à hâter sa puberté.
“Dès que j’ai eu mes règles, j’ai été mariée. Je suis tombé enceinte, mais je n’ai pas pu aller au bout de la grossesse. Et après moins d’un an et demi de mariage, mon mari m’a répudiée.”
Samar nous parle au téléphone, par l’intermédiaire d’une sage-femme, et comme tous les témoins que nous avons pu interroger, elle s’exprime sous un faux nom pour ne pas s’exposer à la vindicte de son entourage.
L’étendue du problème de ces traitements hormonaux est apparue au grand jour grâce à Inaam, qui travaille depuis des années dans la lutte contre les violences faites aux femmes. C’est en 2020 qu’une sage-femme lui a raconté le cas d’une enfant de 12 ans que son père avait forcé à prendre des pilules.
“J’ai exposé son cas lors d’une réunion entre collègues, et il s’est avéré que son histoire rejoignait celle d’autres personnes. Tout le monde était d’accord pour lancer une enquête afin de savoir s’il s’agissait d’un phénomène resté jusque-là sous les radars. Et ce fut le choc.”
Notamment dans les camps du nord de la Syrie tels que celui de Salkin, [de Harem] et d’Atmeh, il y avait beaucoup de cas où les pères cherchaient à provoquer chez leurs filles une “puberté forcée”. Il y avait ainsi deux sœurs, âgées de 12 et 14 ans, forcées à prendre des médicaments, et que leur père frappait sur le dos, convaincu que cela pouvait contribuer à hâter leurs premières règles.
Source : Courrier international
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