
e mercato estival est un « feuilleton » rituel qui confine parfois à la télé-réalité, avec ses rebondissements quotidiens grossièrement scénarisés. Le football a même emprunté l’appellation « loft », en référence à l’émission de M6 qui avait popularisé le genre en France, pour désigner une pratique (la mise à l’écart par les clubs des joueurs dont ils comptent se séparer) que l’on peut ainsi dater du début des années 2000. L
C’est l’Olympique de Marseille qui avait inauguré cette transposition, époque Bernard Tapie II, quand le directeur sportif avait transformé le centre d’entraînement de La Commanderie en hall de gare. Avec une cinquantaine de mouvements à l’été 2001, il avait fallu éloigner des entraînements les indésirables afin de les pousser au départ.
Humainement et juridiquement douteuse, cette opération s’est répandue à mesure que les clubs accumulaient les joueurs dans leur (sur)effectif, le contexte étant à la frénésie des transferts et à la transformation des footballeurs en actifs financiers. Au risque de plomber les masses salariales et de mettre dans l’impasse des employés ne demandant qu’à honorer leur contrat.
Un manque à gagner et une vexation
Il est rare que des très grands joueurs soient ainsi déclarés surnuméraires. Ce n’est d’ailleurs pas tout à fait le cas de Kylian Mbappé, auquel le PSG a refusé l’embarquement avec ses coéquipiers pour la tournée estivale au Japon, comme à Julian Draxler, Colin Dagba, Georginio Wijnaldum, Abdou Diallo ou Leandro Paredes, dont le club souhaite se débarrasser.
Dans ce bras de fer, le club veut obliger Mbappé à lever l’option qui prolongerait son contrat d’un an, jusqu’en 2025, ou à conclure un transfert vers un autre club dès cet été. L’objectif est d’éviter un départ libre dans un an, c’est-à-dire sans indemnité à verser pour la future équipe du capitaine des Bleus. Pour les dirigeants parisiens, qui soupçonnent le joueur et le Real Madrid de s’être déjà mis d’accord, voir Mbappé partir ainsi, gratuitement, en juin 2024, serait autant un manque à gagner qu’une vexation.
Pris au piège de sa politique de recrutement de stars, le PSG tient à valoriser celle qui, contrairement à Lionel Messi ou Neymar Jr., a tenu son rang et « vaut » actuellement plus de 160 millions d’euros, selon l’évaluation de l’Observatoire du football. Voir l’attaquant filer au Real Madrid sans rien obtenir en retour constituerait la pire opération possible pour Paris. Quoique. La pire serait que le joueur se voit imposer une saison blanche si chacun reste sur ses positions – il resterait salarié du PSG mais ne participerait à aucun match – et parte à son terme.
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