Cridem – Les remous provoqués par les propos blasphématoires prêtés à l’un des candidats au baccalauréat ont confirmé la montée en puissance, dans notre société, d’une inquiétante police de la pensée, exercée par des illuminés, qui s’arrogent le droit de juger, d’ostraciser et de condamner, avant même que la justice ne se prononce, au nom d’une doxa dominante, supposée représenter l’Islam orthodoxe.
Sans le savoir ni en prendre conscience, nous sommes en train de subir un terrorisme intellectuel qui se banalise dangereusement, porté par une minorité agissante, qui prospère grâce aux espaces de liberté offerts par les réseaux sociaux, pour énoncer des fatwas tout azimuts et imposer sa propre lecture de l’Islam.
A l’ombre de celle-ci, est tapie une idéologie exclusive qui, si elle s’imposait, enfermerait notre société sous une chape de plomb étouffante.
Nous devons nous opposer à cette dictature de la pensée qui cherche à imposer ses vues. Ce courant d’opinion revendique le monopole de la défense des symboles de l’Islam, par la surenchère et la stigmatisation, dont la conséquence est de décourager et de disqualifier toute alternative raisonnable pour comprendre et appréhender les phénomènes sociaux qui taraudent notre société.
Certes, nous revendiquons notre spécificité irréductible par rapport à l’universalité de certaines valeurs. Certes, nous récusons le caractère absolu de la liberté de pensée et d’expression, limitée par des garde-fous qui en relativisent la portée.
Mais nous n’acceptons pas que des apprentis-sorciers et des parangons autoproclamés confisquent le débat et le parasitent, en imposant leur lecture manichéenne, susceptible de semer le doute sur nos valeurs et de fragiliser notre cohésion et la résilience de notre société.
Nous avons besoin de débattre de nos problèmes dans la sérénité et de manière dépassionnée, sans recourir à la surenchère, pour rappeler que le sacré est une ligne rouge et que tout propos blasphématoire sera puni, sans concession, par la loi, toute la loi, rien que la loi.
Mohamed El Mounir
Source : Cridem (Mauritanie)
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