L’infini silencieux / Par Elbane Hamady

Ocre comme il se doit, l’infini silencieux tousse, gronde, avale les palmiers, assèche les oueds, dévore les maisons.

Il avance inexorablement.

Le ciel jusqu’alors lumineux, s’est métamorphosé en un énorme couvercle de sable blond, électrique.

Rien ne l’arrête, ni les murs en banco, ni les frêles clôtures dressées par les hommes titubants sous les rafales, les boubous gonflés comme des outres.

Dans cette atmosphère irréelle, la tête enfouie sous un turban-melehfa, les hommes armés de patience luttent contre l’envahissante poussière qui se dépose insidieusement en occupant le moindre interstice.

La bouilloire d’eau sur le brasero chante dans un coin de la pièce un retentissant « Que la paix soit avec vous ».

Une odeur forte, mélange des fumée d’encens et des sueurs des corps tendus, inquiets embaume l’air de curieuses effluves.

Pour tromper la faim, il ne reste qu’à déguster cette pâte de dattes concassées, placée dans une peau de chèvre qui circule de main en main, craquante sous la dent, en invoquant la prochaine éclaircie dans un profond bleu en filigrane… InchAllah.

 

 

 

Elbane Hamady

 

 

 

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