Au Sénégal, Macky Sall renonce à un troisième mandat, une décision face à l’histoire

Après plus d’un an de suspense et de tensions, le président sénégalais a annoncé, lundi 3 juillet au soir, qu’il ne se représenterait pas en 2024. Ses opposants considéraient sa candidature illégale, la Constitution, postérieure à sa première élection, limitant à deux le nombre de mandats.

Le Monde  – Quand les premières pluies de l’année se sont abattues sur Dakar, lundi 3 juillet, à l’aube, chacun y a vu un signe. Les partisans du chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, y ont lu les ambitions renouvelées de leur leader, quand ses opposants fantasmaient son renoncement. Si même le ciel se mêlait de cette journée chargée d’électricité…

Quand est venu le crépuscule, tout le pays s’est massé devant les écrans de télévision. Habituellement, seuls les matchs des Lions de la Teranga, l’équipe nationale de football, ou les combats de lutte hypnotisent autant de téléspectateurs. Mais, cette fois-ci, à 20 heures, c’est le président qui est apparu à la Radio-télévision nationale sénégalaise. Dans les bars de la capitale, les débats ont cédé la place au silence. Les rues, pleines d’embouteillages à cette heure-là, se sont soudainement vidées. En prévision d’éventuels pillages et de nouvelles violences, nombre de boutiques ont baissé leur rideau.

« Mes chers compatriotes, ma décision longuement et mûrement réfléchie est de ne pas être candidat à la prochaine élection du 25 février 2024 », a déclaré Macky Sall, après une vingtaine de minutes de discours. Cela faisait plus d’un an que le président sénégalais faisait planer le suspense sur une éventuelle troisième candidature, plongeant le pays dans l’incertitude et de fortes tensions. Si son camp arguait de la révision constitutionnelle de 2016 pour souligner que « les compteurs étaient remis à zéro » et que leur chef pouvait se présenter à nouveau à l’élection présidentielle de février 2024, ses opposants rappelaient que la Constitution limitait désormais à deux le nombre de mandats, ce qui rendait cette troisième candidature illégale.

« J’ai une claire conscience et mémoire de ce que j’ai dit, écrit et répété, ici et ailleurs, c’est-à-dire que le mandat de 2019 était mon second et dernier mandat. J’ai un code d’honneur et un sens de la responsabilité historique qui me commandent de préserver ma dignité et ma parole », a déclaré le président, ajoutant : « On a tant spéculé, commenté ma candidature à cette élection. (…) Mes priorités portaient surtout sur la gestion d’un pays, d’une équipe gouvernementale cohérente et engagée dans l’action pour l’émergence, surtout dans un contexte socio-économique difficile et incertain. »

 

Long suspense

 

Récemment encore, Macky Sall refusait de révéler son choix. En mars, dans une interview à l’hebdomadaire français L’Express, il avait estimé sa candidature plausible, car, « sur le plan juridique, le débat est tranché depuis longtemps », avait-il expliqué. Dans sa coalition, chacun se mobilisait pour appeler à un renouvellement du mandat du chef. Cinq cent douze élus de la majorité, maires et présidents de conseils départementaux, sur les 601 que compte le pays, lui avaient récemment demandé de se représenter. En off, conseillers politiques et observateurs confiaient combien l’entourage du chef de l’Etat n’entendait pas renoncer aux futures retombées économiques de l’exploitation prochaine du gaz et du pétrole sénégalais.

Lire la suite

(Dakar, envoyée spéciale) et (Dakar, correspondance)

Source : Le Monde

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page