France – Si Nahel s’était appelé Jean-Pierre, aujourd’hui il serait encore en vie

Sous-jacent au drame de Nanterre, il existe une dimension raciste qui doit interpeller chacun de nous.

Slate – Il est difficile de ne pas voir dans le drame de Nanterre, cette sorte d’exécution à bout portant prélude à un déferlement de violences urbaines, comme une incarnation des maux qui touchent la France. Un pays déchiré de l’intérieur où chacun regarde l’autre en chien de faïence sans jamais prendre la peine ou le temps de comprendre les motivations de son interlocuteur.

Comment est-il possible que dans un pays aussi civilisé que la France, tout commence et finisse dans la violence ? De quelle malédiction la France est-elle frappée pour que régulièrement, elle s’invite à la une de l’actualité par la diffusion d’images qui évoquent plus un pays en guerre qu’une contrée éclairée, naguère porteuse d’un message d’espoir pour l’humanité tout entière?

Avant-hier, c’était les «gilets jaunes», hier, la réforme des retraites, aujourd’hui, ce drame inqualifiable… Autant d’événements dont le point commun est une sorte d’exaltation de la violence, un goût pour l’affrontement, une ivresse de la confrontation où au lieu de se réunir autour d’une table afin d’aplanir ses différends, on préfère se balancer des parpaings à la figure.

La brutalité de la mort de Nahel, la haine qui la sous-tend, ce racisme à peine voilé, ce revolver qu’on pointe comme si on faisait face à un criminel endurci, ce «On va te mettre une balle dans la tête» lancé apparemment par le collègue du policier à l’origine du coup de feu, tout dans cette scène scande un dysfonctionnement de l’institution policière, une incapacité à écarter de ses rangs des individus chez qui le respect de l’autre, quelles que soient ses origines, fait défaut.

Nahel se serait appelé Jean-Pierre qu’aujourd’hui, il serait à n’en pas douter en vie quand bien même Jean-Pierre aurait fait montre de la même légèreté ou stupidité que Nahel en refusant d’obtempérer. Nahel est mort tout à la fois d’être un délinquant, ou tout au moins de pas avoir répondu comme il aurait dû aux injonctions de la police, mais aussi de porter sur son visage les traces de ses origines ethniques. Il est mort d’être différent.

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Source : Slate (France)

 

 

 

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