
Un essayiste médiatique les a appelés «objets nomades». Rapport à leur mobilité.
Le téléphone portable (juste portable ou mobile pour les intimes) en est emblématique. Fut un temps, on appelait les gens chez eux pour savoir s’ils y sont. On n’avait pas besoin de préciser que c’était sur un «fixe» vu qu’il n’y avait rien d’autre. Doucement mais sûrement, comme par effraction, les mobiles firent leur apparition. Ils acceptèrent d’abord de cohabiter avec leurs devanciers avant de les disqualifier sans coup férir. Rapport à leur avantage pratique. Fin des combats. Un peu comme entre Poutine et Prigogine. Oups! Rien dit.
Le portable est désormais le sésame des réseaux sociaux. Mais il affecte également sacrément nos habitudes et nos mœurs.
A tous les sens du terme. Tellement utile qu’on se demande comment on a pu vivre sans. Utile jusqu’au ridicule quelquefois. Quand, par exemple on appelle quelqu’un à un mètre de soi et qui répond: Ah ! je te vois. Ou l’inverse. Il est aussi un domaine particulier dans lequel le portable chamboule les règles: la conversation.
Désormais, il n’est pas rare que celle-ci commence par: ça va couper. Si ça coupe, c’est normal. C’est pour telle ou telle raison. Souvent, c’est je suis dans le métro. Mention particulière aux interlocuteurs de Nouakchott auxquels on ne peut rien reprocher à ce sujet. La communication avec eux n’est pas toujours exempte d’autres reproches mais pas métropolitains.
Autre révolution culturelle née du portable: alors qu’avant, on disait : je suis au travail, je te rappelle de la maison, à présent, on entend plus régulièrement: je vais te laisser, je suis arrivé à la maison. Un cas de figure longtemps réservé à des situations particulières, elles-aussi facilitées autant que mises à mal par les aléas du portable.
Tijane BAL pour Kassataya.com