Pèlerinage à La Mecque : des difficultés persistantes pour les Français

L’usage de la plate-forme électronique lancée en 2022 par l’Arabie saoudite ne convainc pas de nombreux candidats au hadj, qui déplorent son opacité et des prix trop élevés.

Le Monde  – Trois jours avant son départ, Mohammed, le père de Nadia (les prénoms ont été modifiés), ne savait toujours pas à quelle heure devait décoller son vol pour l’Arabie saoudite, où il devait accomplir le hadj.

L’homme de 65 ans, pour lequel sa fille de 38 ans a géré l’organisation de ce voyage, rêvait depuis des années de faire ce pèlerinage à La Mecque, l’un des cinq piliers de l’islam que tout musulman croyant et en capacité financière de le faire se doit de réaliser. Voilà des années qu’il met de l’argent de côté. Mais pour lui, comme pour les milliers de Français désireux de se plier à cette règle religieuse, l’aventure s’est transformée en parcours du combattant.

Désorganisation, difficultés à obtenir un visa de l’Arabie saoudite, opacité des critères d’attribution, absence d’information sur les vols, les lieux d’hébergement ou encore la logistique, prix prohibitifs… Voilà deux ans que les départs sont perturbés par une série de couacs inédits.

Depuis 2022, il faut, pour partir en pèlerinage (qui aura lieu en 2023 entre le 26 juin et le 1er juillet) à La Mecque, passer par une plate-forme électronique. L’Arabie saoudite a décidé de reprendre en main l’organisation de ces voyages, gérés auparavant par des agences dans les pays de départ des pèlerins.

Système opaque

Jusqu’alors, Riyad accordait des quotas répartis entre ces institutions commerciales et des associations ou des mosquées. A elles de voir avec leurs contacts à La Mecque pour trouver sur place les hôtels, les compagnies de transport, les vols. Ceux qui désiraient accomplir le rite pouvaient donc se rapprocher des unes ou des autres. Avec le risque, parfois, d’être confrontés à des arnaques : certaines agences peu scrupuleuses faisaient de la publicité mensongère en vendant des séjours qui se révélaient, une fois sur place, beaucoup moins confortables qu’annoncé, ou des logements plus éloignés des mosquées.

C’est en partie pour lutter contre ce genre de dérives, du moins officiellement, que l’Arabie saoudite a décidé de lancer sa plate-forme. De l’avis de nombreux membres de la communauté et selon les multiples témoignages sur les réseaux sociaux, le système est défaillant.

D’après des chiffres non officiels partagés par des responsables musulmans qui souhaitent garder l’anonymat – nul ne veut ouvertement s’en prendre à l’Arabie saoudite –, sur 9 000 places attribuées à la France, seules 1 700 ont trouvé preneur en 2022. Les témoins racontent leur incapacité à s’inscrire dans un système opaque dont ils ne comprennent pas les règles. Une fois sur place, des femmes racontent avoir été séparées de leur mari dans les hôtels. Surtout, les accompagnateurs spirituels qui partaient avec les groupes constitués par les agences ou les associations de quartier, et qui aidaient les pèlerins souvent âgés à s’y retrouver, ne sont plus prévus dans la nouvelle configuration.

En février, Riyad, qui avait d’abord sous-traité à une société privée, a lancé une nouvelle plate-forme gérée par son propre gouvernement. Sans régler tous les problèmes.

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Source : Le Monde 

 

 

 

 

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