
Le général à la retraite Ould Meguet vient d’être élu président du nouveau parlement post-électoral. Une présidence sans surprise à l’issue d’une session extraordinaire tranquille pour le parti INSAF avec une majorité absolue de 107 sièges plus les 10 sièges de son allié UDP.
Cette présidence de Ould Meguet suscite des réactions des réseaux sociaux et des organisations nationales des droits de l’homme vent debout ce début de semaine à Nouakchott contre cette élection. Le général à la retraite est présumé tortionnaire durant les années de braise de 1986 à 1992. Une longue période douloureuse au cours de laquelle de graves exactions ont été commises contre des dirigeants du premier mouvement de libération africaine de Mauritanie en 1986 à la suite de la publication du Manifeste du négro-mauritanien. Ould Meguet est l’officier le plus titré et héritier des régimes de Ould Taya, de Ould Ely et de Ould Aziz.
Il a occupé d’importantes responsabilités comme chef d’Etat-major des armées et directeur général de la sureté nationale. Le général est témoin des déportations de plus de 60 000 négro-africains au Sénégal et au Mali en 1989.
Longtemps officier de transmission à Nouadhibou, Il fait partie des officiers accusés d’avoir assassiné les 28 soldats négro-africains de la vallée en 1991 à Inal. Pas étonnant qu’il participe au coup d’Etat du général Ould Aziz en 2008 qui dépose le premier président élu démocratiquement SIDIOCA dont l’objectif est de verrouiller le dossier du passif humanitaire et d’empêcher toute mobilisation des veuves et orphelins.
En apparence l’élection de Ould Meguet à la tête du perchoir s’inscrit dans le jeu démocratique. Cette opération banale est un signal fort de Ould Ghazouani de parachever ainsi sa volonté politique de recaser ses frères d’arme dans des hautes fonctions comme deuxième personnalité de l’Etat.
Une stratégie pour conserver les deux pouvoirs avant la présidentielle 2024. Ould Meguet apparaît comme un puzzle sûr pour la reproduction et la reconduction du régime actuel. Le nouveau président de l’Assemblée qui annonce malgré lui un mandat sous le signe de l’unité nationale et de la cohésion sociale, devra s’attendre à ce que la difficile cohabitation revienne assez souvent dans les débats de l’Assemblée nationale où siègent les députés de l’AJD-MR et de la nouvelle coalition Espoir Mauritanie sous la houlette du FRUD avec la députée Kadiata Dialllo qu’on ne présente plus.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya.com le 21 juin 2023)
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