Les Maliens votent par référendum sur une nouvelle Constitution, une première sous la junte

L’un des enjeux de ce scrutin, contesté par l’opposition, et compromis dans plusieurs régions en raison d’une insécurité persistante, est de renforcer les pouvoirs du président.

Le Monde  – C’est la première fois qu’ils votent sur l’avenir de leur pays en crise depuis l’avènement des militaires, il y a trois ans. Environ 8,4 millions de Maliens sont appelés à se prononcer sur une nouvelle Constitution, par référendum, « oui » ou « non », dimanche 18 juin, à partir de 8 heures heure locale (10 heures, heure française). Un scrutin que conteste une opposition hétéroclite et qu’une insécurité persistante compromet dans plusieurs régions.

Parmi les changements proposés par la junte par rapport à la Constitution de 1992, les votants décideront d’accepter ou non un renforcement des pouvoirs du président à la tête de ce pays confronté à l’expansion djihadiste et à une crise multidimensionnelle : sécuritaire, politique, économique, humanitaire.

Cette acceptation est l’un des enjeux de la consultation. Les détracteurs du projet le décrivent comme taillé sur mesure pour un maintien des militaires au pouvoir au-delà de la présidentielle prévue en février 2024, malgré leur engagement initial à rétrocéder la place aux civils après les élections. Les résultats sont attendus dans les soixante-douze heures.

La victoire du « oui » paraît acquise. Mais l’ampleur en sera scrutée, comme la participation, bien que traditionnellement faible, et les conditions de déroulement du scrutin. Dans un environnement rendu difficilement déchiffrable par l’opacité du système et les restrictions imposées à l’expression, le vote pourrait délivrer des indications, à prendre avec prudence, sur le soutien de la population à la junte et à son chef, le réputé populaire colonel Assimi Goïta, ainsi que sur la situation intérieure.

Les militaires qui ont pris le pouvoir par la force en 2020 et l’exercent sans partage revendiquent de faire reculer les djihadistes sur le terrain. Le vote a lieu moins de quarante-huit heures après le congé fracassant donné par Bamako à la mission de l’ONU après dix ans de présence. Les autorités estiment que la mission a failli et que le Mali peut assumer sa sécurité par ses « propres moyens ».

La « souveraineté », mantra de la junte

Mais l’insécurité persistante devrait interdire le vote sur de vastes étendues. Là où il aura lieu, les bureaux sont toujours exposés à des attaques. Au nord, dans les localités qu’ils contrôlent, dont leur fief de Kidal, les anciens rebelles signataires d’une paix fragile devraient empêcher le vote d’un projet dans lequel ils disent ne pas retrouver l’accord qu’ils ont signé en 2015. Ils sont une des composantes d’une opposition au projet qui, bien qu’hétérogène, a réussi à se faire entendre. La contestation a culminé vendredi avec un meeting de ceux qui rejettent le maintien du principe de laïcité.

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Source : Le Monde  

 

 

 

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