Entre la Jordanie et l’Arabie saoudite, un mariage princier et politique

Le prince héritier jordanien épouse jeudi 1ᵉʳ juin une architecte saoudienne, après des années de relations tendues entre les deux pays.

Le Monde – Même les Jordaniens les plus allergiques aux mondanités devraient difficilement échapper au mariage royal de l’année au Proche-Orient : depuis quelques jours, toute l’attention des médias du royaume hachémite est tournée vers les noces du prince héritier Hussein avec une jeune architecte saoudienne, Rajwa Al-Saif, prévues jeudi 1er juin. Cette journée, durant laquelle le cortège des nouveaux époux traversera une partie d’Amman, a été déclarée fériée.

Symbolique à plus d’un titre, cette union est célébrée avec faste par la Couronne. En guise de réjouissances populaires, un concert gratuit a été organisé lundi dans un stade de la capitale : drapeau ou portrait du jeune couple à la main, des milliers de Jordaniens ont vibré sur les airs entonnés par des stars de la pop arabe, comme le Libanais Ragheb Alama, mêlant mélodies suaves et louanges royales. Pour les invités à la noce – les membres du gratin jordanien, auxquels se joindront des têtes couronnées et d’autres hôtes de marque comme la première dame américaine Jill Biden –, diverses réceptions seront données par le roi Abdallah II et son épouse, Rania, dès mercredi soir.

Ce mariage est censé marquer un moment de retrouvailles nationales, après une période de marasme économique, de dissensions familiales et d’incertitudes sur le rôle du royaume hachémite sur une scène régionale en recomposition. Un moment de parenthèse festive, dans un pays qui craint d’être toujours plus marginalisé, quant à sa fonction de pivot diplomatique ou son statut de gardien des Lieux saints de Jérusalem. L’ensemble régional auquel appartient la Jordanie, le Levant, jadis locomotive du Proche-Orient, n’est plus que l’ombre de lui-même ; les richissimes pays du Golfe ont pris l’ascendant.

Sur la scène intérieure, « l’affaire Hamza » a laissé des séquelles : le populaire prince, ancien héritier au trône et demi-frère du roi, reste en résidence surveillée, deux ans après avoir été accusé de complot contre Abdallah avec la complicité de deux personnalités proches de l’Arabie saoudite. Une version à laquelle une partie des Jordaniens n’a jamais cru. L’épisode, faisant craindre pour la stabilité, s’est accompagné d’une susceptibilité croissante du palais face aux critiques.

Les noces consolident aussi l’intronisation du prince Hussein, âgé de 28 ans, comme futur roi. Son portrait figure déjà depuis des années dans les bâtiments officiels à côté de ceux de son père et de son défunt grand-père, homme charismatique dont il porte le prénom. Hussein a été nommé prince héritier en 2009, après que son père, Abdallah, eut retiré ce titre à Hamza.

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(Beyrouth, correspondance)

Source : Le Monde – (Le 31 mai 2023)

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