Au Soudan, les exactions se multiplient après la rupture des négociations

Une vingtaine de civils ont été tués dans des bombardements sur un marché de Khartoum, dernier épisode meurtrier d'une guerre qui ne connaît pas de répit jeudi après le retrait de l'armée des négociations en vue d'un cessez-le-feu.

Courrier international  – Depuis le début des combats le 15 avril, l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo ont accepté une dizaine de trêves avant de les violer aussitôt.

Les Etats-Unis qui supervisaient depuis près d’un mois, avec l’Arabie saoudite, des discussions entre les deux camps ont dénoncé jeudi de « graves violations », mais sans activer les « sanctions » qu’ils brandissaient il y a quelques semaines.

« Les Etats-Unis et le royaume d’Arabie saoudite sont prêts à reprendre la facilitation des discussions », a déclaré jeudi un porte-parole du département d’Etat américain, au lendemain du retrait de ces discussions en Arabie saoudite des émissaires de l’armée.

Mais à une condition: « une fois que les forces auront montré clairement par leurs actions qu’elles veulent sérieusement respecter le cessez-le-feu ».

 

« Situation catastrophique »

 

Sur le terrain, les violences ne connaissent pas de répit. Mercredi, « 18 civils ont été tués et 106 autres blessés » par les tirs d’artillerie et les bombardements aériens de l’armée sur un marché dans le sud de Khartoum, rapporte un comité d’avocats des droits humains.

 

AFP

De la fumée au-dessus de Khartoum pendant des combats entre l’armée et les paramilitaires, le 29 mai 2023 au Soudan

 

Confirmant ce bilan, le « comité de résistance » du quartier des victimes, qui organise l’entraide entre les habitants, a dénoncé une « situation catastrophique », lançant un appel « urgent » pour « des médecins et des dons de sang ».

Au même moment, les FSR tiraient sur des civils « qui voulaient les empêcher de voler la voiture de l’un d’eux », indique le comité d’avocats. « Trois civils sont morts après avoir été touchés par des balles et empêchés par les FSR d’aller à l’hôpital ».

L’armée a également bombardé mercredi à l’artillerie lourde les bases des FSR à Khartoum, installées de longue date au coeur de quartiers résidentiels, ont rapporté des habitants à l’AFP.

Au 48e jour de combats ininterrompus, qui ont déjà fait plus de 1.800 morts selon l’ONG ACLED, plus d’un million de personnes, principalement des Soudanais mais aussi des réfugiés au Soudan, sont déplacés dans le pays.

Heba Rachid a fui Khartoum pour Port-Soudan (est), dans l’espoir de trouver un donateur pour lui payer un billet d’avion ou de bateau vers l’étranger.

« Les FSR ont tout détruit chez nous », raconte-t-elle à l’AFP. Et aujourd’hui, à Port-Soudan, « on ne sait pas comment trouver à manger ni soigner nos enfants », ajoute-t-elle.

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Khartoum (AFP)

Source : Courrier international 

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