Erdogan reste le maître de la Turquie

Pour la première fois dans l’histoire politique du pays, les Turcs se sont rendus aux urnes pour le second tour de l’élection présidentielle. Trois heures après la fermeture des bureaux de vote, les résultats provisoires ont été annoncés : Recep Tayyip Erdogan l’emporterait avec 52 % des suffrages.

Courrier international  – Juché sur un bus devant son domicile d’Istanbul, sur la rive asiatique du Bosphore, le chef de l’Etat, 69 ans dont 20 pouvoir, a revendiqué la victoire devant une mer de drapeaux rouges brandis par une foule enthousiaste.

« Notre nation nous a confié la responsabilité de gouverner le pays pour les cinq prochaines années », a-t-il lancé au terme d’une élection qui l’a contraint pour la première fois à un second tour.

Selon les résultats portant sur plus de 99,7% des bulletins, publiés par l’agence officielle Anadolu, le chef de l’Etat a obtenu 52,1% des suffrages contre 47,9% à son rival social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu qui, à 74 ans, a perdu le pari de la « démocratie apaisée » qu’il promettait.

Des rassemblements spontanés se sont formés autour du siège de son parti AKP à Istanbul, dont les rues résonnent de coups de klaxons et une foule considérable s’est massée devant le palais présidentiel à Ankara, où le vainqueur était attendu dans la soirée.

Deux portraits géants ont été projetés de part et d’autre de l’entrée monumentale: celui du « reis » et celui de son plus illustre prédécesseur, Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la République qui célèbre cette année ses cent ans.

Le président russe Vladimir Poutine, qui n’avait pas caché son soutien au président sortant, l’a rapidement félicité pour un « résultat logique » qui apporte la « preuve évidente » du soutien de la population.

Pemier des dirigeants occidentaux, le président français Emmanuel Macron a également « félicité » M. Erdogan, se projetant sur les « immenses défis à relever ensemble ».

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a également salué la victoire du président turc, tandis que l’ancien président américain Donald Trump a félicité son « ami ».

Le rival malheureux du président Erdogan a pris la parole depuis le siège de son parti, le CHP fondé par Mustafa Kemal, pour exprimer sa « réelle tristesse face aux difficultés qui attendent le pays ».

50.000 morts

Ni le désir de changement d’une partie de l’électorat, ni l’inflation sévère qui mine la Turquie, ni les restrictions aux libertés et l’hyperprésidentialisation d’un pouvoir qui a envoyé des dizaines de milliers d’opposants derrière les barreaux ou en exil n’ont pesé face au désir de sécurité et de stabilité.

Pas même les conséquences du terrible du séisme de février (au moins 50.000 morts et 3 millions de déplacés) dans onze provinces du sud du pays, qui ont largement reconduit le chef de l’Etat.

« Erdogan a joué la carte du nationalisme avec beaucoup d’habileté, l’opposition n’a pas su proposer une alternative susceptible » de convaincre malgré la mauvaise situation économique du pays, a estimé Galip Dalay, chercheur associé Middle East Council on Global Affairs.

Le parti du président Erdogan, l’AKP islamo-conservateur, sur lequel il a bâti son accession au pouvoir suprême, a perdu des sièges au Parlement mais conserve sa majorité avec ses alliés.

 

AFP

Des partisans du président turc Recep Tayyip Erdogan célèbrent sa victoire au deuxième de l’élection présidentielle, devant la mosquée Taksim, à Istanbul, le 28 mai 2023

 

Kemal Kiliçdaroglu encaisse quant à lui une défaite de plus après avoir promis le « retour du printemps ».

Considéré par beaucoup, y compris au sein de son alliance d’opposition, comme terne et sans charisme, M. Kiliçadaroglu n’a pas su profiter de la crise économique pour rafler la victoire.

« C’est la bonne personne; j’attends d’Erdogan qu’il continue d’apporter de bonnes choses chose au pays et d’abord qu’il redresse l’économie », espérait Nisa Sivaslioglu, 17 ans, en se précipitant vers le gigantesque palais présidentiel à Ankara où le chef de l’Etat est attendu.

 

 

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Istanbul (AFP)

 

 

 

 

Source : Courrier international 

 

 

 

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