Courrier international – Quand elle était enfant dans le Londres des années 1980, Agnes Soyode-Johnson passait ses matinées du week-end, avec ses frères et sœurs, à regarder des dessins animés comme Scooby-Doo, Denis la Malice et Inspecteur Gadget.
Fille d’immigrés nigérians, elle se demandait rarement pourquoi si peu de personnages lui ressemblaient. Puis, en 1992, elle a vu un long-métrage qui a tout changé. Alors qu’Aladdin et Jasmine filaient sur leur tapis volant au-dessus du désert d’Arabie en chantant l’avènement d’un monde nouveau, leurs cheveux noirs et leur peau brune ont émerveillé Agnes Soyode-Johnson. “J’ai vraiment adoré, parce que je pouvais m’y retrouver, explique-t-elle. J’avais l’impression d’être visible.”
Des productions en streaming
Avance rapide jusqu’à nos jours. Agnes Soyode-Johnson, désormais productrice de télévision, vit à Lagos, au Nigeria. Pendant la pandémie, elle a eu bien du mal à faire tenir tranquilles ses deux enfants en bas âge. Dans sa maison, résonnaient les échos des chansons et des piaillements de leurs émissions préférées : “CoComelon, Peppa Piget Paw Patrol, la Pat’Patrouille. Et elle s’est aperçue que, comme pour elle quand elle était petite, tout ce que regardaient ses enfants venait d’Occident.
Elle a voulu qu’ils ressentent ce qu’elle avait connu quand elle avait vu Aladdin, toutes ces années plus tôt. C’est ainsi qu’elle a créé OmoBerry, un dessin animé sur YouTube dont les personnages sont originaires de toute l’Afrique.
Cette émission populaire fait partie d’un mouvement plus général lancé par des animateurs africains décidés à réaliser des dessins animés plus proches du vécu des enfants du continent. Beaucoup, comme OmoBerry, sont mis en ligne de façon indépendante sur YouTube et d’autres plateformes gratuites, ce qui permet de ne pas faire appel à des producteurs occidentaux.
YouTube, destination clé
“La littérature pour enfants est un vecteur de socialisation, et il est essentiel que tous les jeunes, quelle que soit leur couleur ou leur religion, puissent grandir en suivant des personnages de fiction qui leur ressemblent et parlent comme eux, et dont le monde est un reflet du leur”, commente Joyce Nyairo, analyste kényane spécialiste des questions culturelles.
The Christian Science Monitor (Boston)
Source : Courrier international
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com