La lente renaissance du ­cinéma local sénégalais

La sélection en compétition à Cannes de « Banel & Adama », le premier film de Ramata-Toulaye Sy, confirme le réveil de l’industrie cinématographique du pays, où plusieurs multiplexes ont ouvert. Mais le soutien de l’Etat reste insuffisant.

M Le Mag  – A la sortie des séances du samedi soir, les spectateurs – principalement des adolescents – se retrouvent pour papoter dans le hall flambant neuf du Pathé, où flottent des effluves de pop-corn. Le multiplexe aux sept salles est l’un des deux nouveaux cinémas ayant ouvert ses portes en 2022 à Dakar.

Alors qu’il ne restait plus que la petite salle de l’Institut français, un vent nouveau souffle sur la capitale sénégalaise. Le cinéma CanalOlympia Teranga a ouvert le bal en mai 2017. Un an plus tard, c’était au tour du complexe cinématographique Sembene-Ousmane, du nom du célèbre cinéaste (mort en 2007), d’inaugurer ses trois écrans.

Ce dynamisme accompagne le regain du cinéma sénégalais, symbolisé par la sélection en compétition à Cannes cette année de Banel & Adama, premier film de Ramata-Toulaye Sy autour d’une histoire d’amour impossible dans le Fouta, région traditionnelle au nord. La Franco-Sénégalaise devient la ­deuxième réalisatrice du pays à concourir pour la Palme d’or, après Mati Diop, qui a remporté en 2019 le Grand Prix du jury pour Atlantique.

« Les performances et les prix de la dernière décennie ouvrent la porte à des investisseurs qui s’intéressent au cinéma sénégalais. L’ouverture de salles est un maillon pour asseoir un écosystème », estime Oumar Sall, fondateur de la société de production Cinekap, qui a financé Atlantique et Félicité, d’Alain Gomis, Ours d’argent au festival de Berlin en 2017.

 

Tenue de festivals, ouverture d’écoles

 

Dynamique dans les années 1970 et 1980, le cinéma sénégalais s’est essoufflé avec la dévaluation du franc CFA, en 1994, la ­généralisation de la télévision, puis d’Internet. « Jusque dans les années 1990, la distribution et l’exploitation étaient contrôlées par l’Etat avec la société publique Sidec, qui avait un réseau de salles. Donc les films avaient des débouchés », raconte Aboubacar Demba Cissokho, journaliste ­culturel et fondateur d’un ciné-club à Dakar.

« Puis la politique d’ajustement ­structurel définie par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international a imposé l’idée de se désengager des secteurs peu rentables à leurs yeux, dont la culture », continue-t-il. La Sidec est mise en liquidation, les salles de cinéma sont privatisées et ferment les unes après les autres.

 

 

Mais, ces dix dernières années, l’industrie a repris des couleurs, renouant avec sa longue tradition cinématographique. Au-delà de ­l’ouverture de salles, ce réveil se ­traduit par la tenue de festivals, tels Dakar Court, Films Femmes Afrique ou Dakar Séries.

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(Dakar, correspondance)

 

 

 

Source : M Le Mag

 

 

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