Le Sénégal sous tension avant le nouveau procès d’Ousmane Sonko

Le principal opposant au président Macky Sall est à nouveau convoqué devant la justice pour viols à partir du mardi 16 mai. La société civile redoute des violences.

Le Monde – Les tensions n’ont pas attendu l’ouverture de l’audience prévue mardi 16 mai pour éclater. Dès lundi, le climat était très pesant à Ziginchor dont Ousmane Sonko est maire et où l’opposant a choisi de se réfugier depuis quelques jours. Durant la journée, tant à Dakar que dans la grande ville de Casamance, des heurts ont opposé les forces de l’ordre et ses partisans, bien décidés à défendre leur leader. Un policier est décédé, heurté par un véhicule des forces de l’ordre, a confirmé le ministère de l’intérieur.

Alors qu’il refuse désormais de répondre aux convocations d’une justice qu’il estime « manipulée », Ousmane Sonko risque l’arrestation. Cela fait plus de deux ans que l’affaire, aussi politique que judiciaire, divise le Sénégal. Si l’audience de mardi 16 s’annonce centrée sur la procédure, elle est symbolique. Le principal opposant à Macky Sall est poursuivi pour viols répétés et menaces de mort à l’encontre d’Adji Sarr, une employée du salon de massage Sweet Beauty.

Au pays de la soutoura, un terme qui désigne la culture du silence qui pèse sur les histoires de mœurs et de violences sexuelles, l’affaire « Sweet Beauty » comme la presse sénégalaise l’a rebaptisée charrie un parfum de scandale.

Adji Raby Sarr, âgée aujourd’hui de 23 ans, affirme qu’Ousmane Sonko l’y aurait fait subir des viols répétés de juin 2020 à février 2021. Des agressions qui auraient été assorties de menaces de mort. En mars 2022, elle décrit au Monde un double viol qu’elle aurait subi dans un bain à remous en décembre 2020. En février 2021, huit mois après la première agression présumée, Adji Sarr dépose plainte pour viols répétés et menaces de mort. « Il me répétait qu’il serait le futur président du Sénégal et que je n’avais pas intérêt à parler, que personne ne me croirait », explique-t-elle.

 

Une ligne de défense qui n’a pas bougé

 

Autant d’accusations qu’Ousmane Sonko nie catégoriquement, assurant s’être fait masser pour « soigner des problèmes de dos ». Et dès l’origine, elles enflamment les esprits. En mars 2021, lorsque Ousmane Sonko est arrêté alors qu’il se rend à la convocation de la gendarmerie, ses partisans se mobilisent en nombre à Dakar et Ziginchor. Pillages de supermarchés, affrontements avec les forces de l’ordre… Colère et répression durent cinq jours. Bilan des émeutes : 14 personnes tuées et près de 600 autres blessées selon la Croix-Rouge.

Dès le départ, le leader du parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), qui s’est imposé comme le principal opposant du président Macky Sall, dénonce une manipulation du pouvoir. « Nous sommes devant une affaire strictement politique, instrumentalisée par Macky Sall pour écarter de la course vers la présidentielle le candidat le mieux placé », tweete-t-il en février 2021.

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Source : Le Monde – (Le 15 mai 2023)

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