La Turquie vers un second tour inédit, avantage à Erdogan

La Turquie, qui s'est massivement rendue aux urnes dimanche pour le premier tour du scrutin présidentiel, s'est acheminée lundi vers un second tour, prévu le 28 mai, qui s'annonce favorable au président Recep Tayyip Erdogan.

Courrier international  – Le dernier comptage, portant sur près de 99,9% des urnes, accorde 49,5% des suffrages au chef de l’Etat, au pouvoir depuis vingt ans, contre 44,9% à son rival social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu.

Le « reis » Erdogan, que les sondages donnaient pourtant à la traîne, conserve également sa majorité au Parlement.

L’issue du second tour s’annonce plus qu’incertaine pour l’opposition, qui affirmait dimanche soir être « en tête ».

Elle dépendra pour partie d’un troisième homme, l’ultranationaliste Sinan Ogan, qui a recueilli 5,2% des voix au premier tour, et n’a pas encore annoncé s’il soutiendrait l’un des deux candidats.

L’impact de la crise économique et du séisme dévastateur du 6 février, qui a fait au moins 50.000 morts, n’a pas eu les effets envisagés par les analystes.

La réponse du gouvernement, jugée tardive, avait pourtant suscité la colère de nombreux rescapés.

Mais ce sentiment ne s’est pas traduit dans les urnes, les provinces fortement impactées ayant massivement reconduit leur confiance au président, qui a promis de reconstruire au plus vite 650.000 logements dans les zones affectées.

« La Nation accorde sa confiance à Erdogan », titrait en une lundi le quotidien progouvernemental Sabah, qualifiant l’arrivée en tête du président sortant au premier tour de « formidable réussite ».

 

« Respecter » le scrutin

 

Jusqu’à dimanche, le camp de l’opposition, une vaste coalition emmenée par le CHP (social-démocrate, laïque), le parti de Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la Turquie moderne, appelait à « en finir au premier tour ».

 

AFP

Election présidentielle en Turquie : résultats du 1er tour

 

Mais le vice-président du parti a reconnu à la mi-journée lundi que les « quelque 300 urnes du vote de l’étranger non décomptées ne changeront pas la donne ».

« Nous l’emporterons certainement au second tour », a-t-il toutefois affirmé.

Dimanche soir, le camp de M. Kiliçdaroglu avait contesté les premiers chiffres, qui donnaient une confortable avance à M. Erdogan, affirmant que les résultats des bureaux de vote les plus favorables à l’opposition n’avaient pas encore été comptabilisés du fait de multiples recours.

Les deux candidats se sont dits prêts à se retrouver dans deux semaines et le président Erdogan, au pouvoir depuis 2003, comme il l’avait déjà affirmé, a promis d’en « respecter » le verdict.

 

AFP

Kemal Kilicdaroglu, candidat du CHP (centre gauche) aux élections générales turques, en conférence de presse à Ankara, le 15 mai 2023

 

Confronté pour la première fois à un ballotage, alors qu’il avait été réélu en 2018 dès le premier tour de la présidentielle, le chef de l’Etat a affiché sa confiance.

« Je crois sincèrement que nous continuerons à servir notre peuple ces cinq prochaines années », a-t-il lancé dans la nuit à ses partisans exultants.

 

« Vrai leader »

 

Pour Bayram Balci, chercheur au CERI-Sciences Po à Paris et ancien directeur de l’Institut français d’études anatoliennes à Istanbul, « les Turcs ont joué la stabilité et la sécurité ».

« Ils ont refusé d’accorder leur confiance à une coalition hétéroclite aux intérêts divergents, se demandant comment ils parviendraient à gouverner ensemble ».

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Istanbul (AFP)

Source : Courrier international 

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