Au Sénégal, un litige foncier provoque de violents affrontements dans le nord de Dakar

Une jeune fille a été retrouvée morte sur la plage du village de Ngor, rattaché à la capitale sénégalaise, sans que les causes de son décès ne soient encore clairement établies.

 Le Monde  – L’entrée du village de Ngor était toujours quadrillée par un imposant dispositif de sécurité mercredi 11 mai. Par peur d’une reprise des émeutes qui ont secoué cette commune de 25 000 habitants en début de semaine, de la soirée de lundi et jusqu’au lendemain soir, plusieurs commerces ont préféré garder leur rideau fermé. Les violences ont éclaté dans le bourg rattaché à la commune de Dakar à cause d’un litige foncier entre la communauté Lébou – un peuple de pêcheurs vivant dans la presqu’île de Dakar et sur la côte ouest du Sénégal – et l’Etat. Pavés, débris de bouteilles, morceaux de bois carbonisés et barrages dressés sur la route principale témoignent de la violence des affrontements.

« On était bunkérisés. Les gendarmes tiraient à bout portant mais les ambulances n’avaient pas accès au village. La Croix-Rouge a dû évacuer les blessés par bateau », témoigne Cheikh S., âgé de 29 ans. Plusieurs manifestants, principalement des jeunes du quartier, ont été blessés, mais aucun bilan n’a été pour le moment communiqué.

D’après Mamadou Ndiaye, président du mouvement Ngor Debout, une jeune fille a péri dans les heurts. La gendarmerie a confirmé que le corps d’une adolescente de 15 ans avait été découvert sur la plage, précisant qu’elle « aurait été mortellement touchée dans l’eau, probablement par l’hélice d’une pirogue ». Une version que rejette Abdoulaye Ndir, pêcheur originaire de la commune. « Tout le monde est en colère : une gamine de 15 ans est morte. La gendarmerie est responsable », s’emporte-t-il en montrant les balles qu’il a ramassées.

« Ramener la paix »

Cela faisait trois semaines déjà que le mécontentement gonflait. Une contestation renforcée par la décision de l’Etat, lundi, d’octroyer à la brigade de gendarmerie de Ngor les deux tiers d’un terrain de 6 000 m2, utilisé jusque-là comme parking. La municipalité et les habitants souhaitent qu’un lycée y soit bâti, Ngor étant la seule commune dans le département de Dakar a n’avoir aucun établissement secondaire. « Avec la conjoncture économique, il est de plus en plus difficile pour les parents d’assurer le transport pour leurs enfants. La construction de ce lycée est une priorité », assure Magueye Ndiaye, le maire de Ngor.

Face à l’escalade des tensions, le président Macky Sall a convoqué en urgence dans la soirée de mardi les autorités de Ngor. Pour sortir de cette crise, le chef de l’Etat a décidé de scinder le terrain en parts égales, octroyant à chacun 3 000 m2. « Le plus important est de ramener la paix, et nous espérons que les populations accompagneront cette décision », rapporte le maire de Ngor, qui précise également que l’Etat a prévu d’accorder d’autres terrains à la commune pour développer des projets et s’est engagé à construire et équiper le lycée réclamé.

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(Dakar, correspondance)

Source : Le Monde

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